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Politique sociale

Qui se cache derrière les programmes

Politique sociale | publié le : 01.12.2011 | Emmanuelle Souffi

Pour gagner la bataille des idées en 2012, les partis s’appuient sur la société civile. Fondations et think tanks, professeurs et syndicalistes… relaient les préoccupations des citoyens et pèsent sur les projets.

C’était il y a quelques semaines, à la Maison de l’Amérique latine. Juste après le G20 de Cannes, François Hollande réunissait son cercle d’économis­tes préférés. Il y a avait là Philippe Aghion (professeur à Harvard et ex-conseiller de Ségolène Royal), Élie Cohen (professeur à Sciences po) et Jean-Hervé Lorenzi (Paris Dauphine). Ça c’est pour les officiels. Les autres resteront dans l’ombre. Masqués, afin de pré­server leur sacro-sainte indépendance d’experts. C’est bien là tout le problème de ces éminences grises qui inspirent les écuries politiques. Un véritable cas de conscience ! Fières de voir leurs théories reprises par un parti ou d’être sollicitées pour éclairer un candidat sur certains points économiques et sociaux, elles souhaitent pour la plupart contribuer au débat de manière anonyme, de peur d’être instrumentalisées ou accusées de partialité. Conseiller sans apparaître… Pas simple, surtout quand on aspire à plus de lumière et qu’on en a assez de crier dans le désert.

Mais depuis la campagne de 2007 et le travail de tissage avec la société civile mené par Emmanuelle Mignon, ancienne conseillère de Nicolas Sarkozy, ce tabou est en train de disparaître. Lentement certes, mais c’est déjà une sacrée avancée dans un pays où les think tanks ont toujours moins pesé que les cercles politiques. On en recense environ 160, contre 190 en Allemagne, 300 au Royaume-Uni et 1 500 aux États-Unis. Barack Obama n’aurait peut-être jamais été élu sans le soutien de The Brookings Institution ou du Center for American Progress. « Il y a toujours eu une relation ambiguë entre les politiques et les think tanks, analyse Marie-Cécile Naves, rédactrice en chef de l’Observatoire français des think tanks. Ils ont besoin d’eux et en même temps ils craignent que leur influence ne prenne trop d’importance. »

Crédibiliser les programmes. Or la bataille de 2012 se prépare à coups de programmes. Après trois échecs successifs à l’élection présidentielle, les socialistes multiplient les consultations du terrain. Terra Nova en fournit une bonne partie. À droite, Jean-François Copé a créé un Conseil des clubs et des think tanks, qui associe une trentaine d’entre eux au projet de l’UMP. Mission crédibiliser un programme. « Un politique est un généraliste, il a besoin d’appuis éclairés, souligne Mélanie Bulan, chef de rubrique à l’hebdomadaire Entourages et fine observatrice des coulisses des partis. Ça n’est pas pour se faire mousser ou être dans le coup. » À l’écoute de la société, cette élite de la pensée traduit les préoccupations des citoyens. « Face à l’incertitude économique et à la défiance vis-à-vis du politique, elle est un relais de la démocratie », estime Marie-Cécile Naves. En user, donc, sans modération.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi