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Métropoles

Dix figures rennaises du social et de l’emploi

Métropoles | publié le : 01.12.2011 |

Dirigeants, syndicalistes, avocats, universitaires… ils contribuent par leur engagement et leur action au dynamisme de la capitale bretonne.

PIERRE ABEGG, AVOCAT PRO-EMPLOYEUR
Aux côtés des entreprises

Pierre Abegg a passé les trois quarts de sa vie dans les prétoires, au service des employeurs. Son client le plus fidèle reste le groupe agroalimentaire SVA Jean Rozé, dont il a défendu un plan de reprise d’abattoirs en 1991. Vingt ans plus tard, il revient à la rescousse auprès du groupe, accusé d’enfreindre les règles sanitaires. Mais dans la capitale bretonne, il est aussi connu pour s’être élevé en 2008 contre le report du procès d’une série de braquages commis sept ans auparavant : « Pour l’obtenir, la défense a invoqué qu’il avait lieu en période de ramadan, ce qui pouvait mettre les prévenus en état de faiblesse physique. C’était inadmissible ! » s’emporte Pierre Abegg. Un coup de gueule qui fait forcément écho à ses liens avec Alain Madelin, même si l’avocat nie avoir, contrairement à son compagnon de route, fait partie du groupuscule Occident. Il a été élu sous la même étiquette, le Parti républicain, au conseil municipal de Rennes. En tant que conseiller municipal d’opposition, il estime avoir représenté « l’esprit démocrate-chrétien très présent dans cette ville ». En 1996, il a voté au côté de la gauche en faveur de la création de la première ligne de métro, mais n’a cessé de s’élever contre la fiscalité pratiquée.

CLAUDE LARZUL, AVOCAT PRO-EMPLOYÉ
Défenseur historique des syndicats

Il y a trente-deux ans, la CGT a fait revenir sur les terres bretonnes le Finistérien Claude Larzul. Yannick Frémin, alors secrétaire général de la CGT en Ille-et-Vilaine, connu pour avoir été renvoyé de l’usine Citroën en 1966 après avoir été giflé par son supérieur et pour avoir fait condamner l’entreprise, souhaitait qu’il défende les intérêts de la CGT. Devenu l’avocat officiel des syndicats rennais, il a remporté sa plus belle victoire en 2009 contre le sous-traitant automobile la Barre-Thomas (actuel Cooper Standard) au côté de la CGT et de la CFTC. « Beaucoup ont été surpris, mais nous, non. Nous avions décelé les faiblesses du plan, supprimant 248 postes », se souvient l’avocat, encore étonné d’avoir plaidé dans la grande chambre du TGI de Rennes, « devant des tapisseries d’époque, et non comme d’habitude dans la chambre sociale, petite et mal éclairée »! Avec en prime la satisfaction d’être venu en aide aux 200 salariés lésés. Son cheval de bataille du moment « Les cadres licenciés pour motifs divers, alors que la véritable raison est économique. Il faut combattre ces faux licenciements individuels ! » Dans un coin de son bureau, une photo de lui serrant la main d’un autre avocat, Nelson Mandela.

ALAIN EVEN, PRÉSIDENT DU CESER DE BRETAGNE
Troisième mandat à la tête du Ceser

Breton, ancien enseignant-chercheur en économie et en aménagement du territoire à Rennes et président du conseil économique, social et environnemental (Ceser) depuis 2004. Voilà qui confère à Alain Even une analyse pertinente de la situation économique et sociale du pays rennais. « Nous n’avons pas échappé à la crise, mais la région l’a ressentie moins fortement grâce au secteur agroalimentaire, qui l’a amortie », relate-t-il. Pour autant, « il est très difficile aujourd’hui de pouvoir affirmer que dans cinq, dix ans La Janais sera toujours un site important de PSA. Il devrait pouvoir se maintenir, mais l’automobile est un secteur fragile, plein d’aléas… » Toutefois, les principaux atouts de Rennes le rendent optimiste : des jeunes bien formés, des secteurs de l’agroalimentaire et de l’électronique dynamiques, et bien sûr la future LGV : « Elle va avoir des effets positifs pour Rennes. Des services aux entreprises vont s’y délocaliser. Les autres villes de la région vont aussi bénéficier de retombées. » Car l’ancien universitaire ne dissocie jamais le couple que forme la Bretagne et sa capitale.

JOËL CHÉRITEL, PRÉSIDENT DE L’UNION DES ENTREPRISES 35
L’entrepreneur au chevet des TPE-PME

A la tête de l’Union des entreprises pour l’Ille-et-Vilaine, adhérente du Medef, Joël Chéritel dirige depuis 1993 une PME d’informatique à succès, Rétis Communication. Après quelques années passées « la tête dans le guidon », son chiffre d’affaires atteint 21,9 millions d’euros. Il emploie 140 personnes et dépense 7 % de sa masse salariale en formation. Passé par le statut de TPE, il entend concentrer l’aide apportée par l’UE 35 sur les très petites structures, notamment en nouant un partenariat avec la Maison de l’emploi de Rennes. Le programme Activ’Emploi permet d’expliquer les dispositifs existants sur la mise au chômage partiel, la formation, les restructurations, etc. « Les TPE sont assez désarmées face à des crises comme celle de 2009. Nous les préparons à affronter la prochaine. Nous leur apprenons à anticiper, à établir un business plan et à rassurer leur banquier ! » Il s’est aussi associé au maire et aux associations de commerçants pour demander au préfet que les magasins de plus de 700 mètres carrés restent fermés le dimanche dans l’agglomération.

ANDRÉ FRITZ, DIRECTEUR DU CHU DE RENNES
Un administrateur d’hôpital à la main de fer

A la barre du plus gros employeur de la ville, André Fritz gère près de 8 000 salariés, sur cinq sites éparpillés dans la ville. Deux ans après son arrivée, en 2009, il traverse une grosse tempête. Les syndicats dénoncent des suppressions de personnel et une surcharge de travail. Des salariés allument même un bûcher sous les fenêtres de son bureau, à l’hôpital Pontchaillou. Réponse du directeur : une plainte déposée contre X. « Depuis fin 2008, le site de Rennes doit suivre une politique de maîtrise de l’évolution de la masse salariale. On ne peut pas vivre en dépensant plus qu’on ne gagne », affirme-t-il en bon père de famille. À la suite d’un recours de FO, le tribunal administratif de Rennes a annulé une charte sur le temps partiel qu’André Fritz a élaborée. Elle visait à faire passer de 1 600 à 1 000 le nombre d’agents exerçant à 80 % (rémunérés à 85,7 %). Une décision que le sexagénaire n’hésite pas à qualifier d’« hypocrisie juridique. Le TA nous a simplement signifié que nous n’aurions pas dû l’écrire ». Compte tenu du déficit de 3 millions d’euros du CHU enregistré fin 2010, même l’ouverture d’un nouveau centre des urgences et de réanimation en septembre 2012 ne créera pas d’emplois.

JEAN-ÉMILE GOMBERT, PRÉSIDENT DE L’UNIVERSITÉ RENNES 2
À la tête d’une fac qui voit loin

En guise de bienvenue, le mouvement anti-CPE s’est enclenché le lendemain de la nomination de Jean-Émile Gombert comme premier vice-président de Rennes 2. Il en est devenu le président en 2010. Mais son horizon ne s’arrête pas aux portes de son université de 19 000 étudiants. Il est de ceux qui font des plans à l’échelle régionale et même européenne. Le premier consiste à rapprocher tous les établissements supérieurs de la ville pour avoir « une offre plus importante et plus visible, notamment à l’international, indique le professeur en psychologie cognitive des apprentissages. Il est possible que d’ici à cinq ans Rennes 1 et 2 n’existent plus et qu’il n’y ait plus qu’une seule entité ». Les collaborations d’aujourd’hui dans la recherche entre sciences dures et humaines se renforceront et s’élargiront à l’enseignement. Deuxième grand chantier : l’Université européenne de Bretagne (UEB) C@mpus. Rennes 2 possède déjà un amphithéâtre équipé d’outils visio grand format. Le but est de développer un enseignement à distance de qualité grâce aux technologies numériques. « D’ici à trois ans, la Bretagne aura le plus grand campus d’Europe », avance Jean-Émile Gombert. Un pari que soutiennent l’État et la région à hauteur de 60 millions d’euros.

JOËL JOSSELIN, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE FO ILLE-ET-VILAINE
Garant des conditions de travail

L’école est un thème qui préoccupe particulièrement Joël Josselin, un ancien instituteur devenu, il y a dix ans, secrétaire général de FO Ille-et-Vilaine. « Il y a trois ans, nous étions le département qui comptait le plus d’enfants de 2 ans scolarisés. Aujourd’hui, on rejoint la moyenne nationale », regrette l’homme à la longue queue-de-cheval et à la gouaille inimitable. Toujours prêt à revendiquer. Et à rire. En 2007, son syndicat est aux manettes du comité d’entreprise du sous-traitant automobile la Barre-Thomas (aujourd’hui Cooper Standard). Mais Force ouvrière ne prend pas part au combat, pourtant victorieux, de la CGT et la CFTC contre le plan social. « Nous luttons contre les licenciements. On ne négocie pas les miettes, la longueur du boulet », se justifie Joël Josselin. À présent, il s’inquiète pour les salariés du transporteur de voyageurs du conseil général, Illevia, dont « les conditions de travail se dégradent ». La troisième force syndicale du département bataille aussi aux côtés des autres représentants des salariés, et même patronaux, contre l’ouverture des magasins le dimanche. « Le préfet veut revenir sur des années de lutte syndicale… On va faire du foin là-dessus, prévient le secrétaire général de FO 35. Ça va nous occuper les semaines qui viennent. »

JEAN-PAUL VERMOT, DIRECTEUR DE L’AFPA ILLE-ET-VILAINE
En guerre contre le chômage

La formation et le marché de l’emploi sont deux mondes en symbiose. La qualification reste un excellent rempart contre la récurrence du chômage », pose comme principe cet ancien directeur d’une agence locale de Pôle emploi devenu celui de l’Association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) d’Ille-et-Vilaine. Il aimerait que le chiffre d’affaires de l’antenne rennaise, de 10 millions d’euros, dont 7 proviennent de la formation des demandeurs d’emploi et 3 des salariés, se répartisse à 50-50 entre les deux activités. Arrivé à Rennes en mars après un petit « tour de Bretagne », il a tout de suite apprécié « le contexte dynamique de l’agglomération et le tissu de l’emploi et de la formation très structuré » ainsi que « la Maison de l’emploi, de l’insertion et la formation professionnelle, très active ». Les secteurs professionnels dans sa ligne de mire « Nous mettons le cap sur le bâtiment, car cela représente des opportunités d’emplois pour les Rennais », indique Jean-Paul Vermot, 38 ans. Un grand classique, le bassin économique manque de plombiers… En 2012, les aspirants apprendront le métier dans une base de formation fraîchement rénovée à l’Afpa, et devraient, comme leurs prédécesseurs, s’insérer dans le marché du travail à 100 %. Depuis l’an dernier, l’association se place aussi sur le créneau de l’isolation extérieure. Autre priorité, l’hôtellerie-restauration : « Nous peinons à fournir assez de personnes pour travailler dans les 800 établissements présents sur Rennes Métropole. » Pôle emploi a également relayé des besoins en secrétaire médico-social. Ni une, ni deux, l’Afpa a monté une formation sur mesure.

BRUNO BERTIN, DIRECTEUR DES RESSOURCES HUMAINES DE PSA
Armé pour gérer la crise de l’automobile

Bruno Bertin a débarqué sur le site PSA de Rennes en juin 2009, « en plein dans la crise ». Le site de La Janais produit les véhicules haut de gamme. Il est frappé de plein fouet. Le DRH doit mener à bien le plan de départ volontaire de 1 800 salariés. S’il a été choisi comme l’homme de la situation, c’est parce qu’à 47 ans il en a passé vingt-deux à la gestion du personnel de PSA. Il a même été DRH de la plus grande fonderie d’Europe, à Charleville. « J’étais armé pour prendre ce poste », affirme timidement Bruno Bertin, vêtu d’une blouse grise, tout comme les 6 000 salariés de La Janais. « Le site était prévu pour produire 450 000 voitures par an, alors qu’en 2011 200 000 vont sortir de l’usine, justifie-t-il. Nous le reconfigurons pour une capacité de 270 000. » Le plan de départs volontaires a été mené à coups d’aides à la création d’entreprise et de reconversions internes. Le service informatique, composé avant la crise d’une trentaine de personnes, a été étoffé pour atteindre un effectif d’une centaine d’employés. Les techniciens et ingénieurs ont été mutés, et 600 salariés ont fait aussi l’expérience de la mobilité temporaire en faisant la navette vers les usines d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et de Poissy (Yvelines), qui fonctionnaient mieux, notamment grâce à la prime à la casse. Une période mouvementée qui a laissé des stigmates. Alors quand les chaînes se sont arrêtées sept jours en septembre, officiellement parce qu’un fournisseur de vis n’a pas pu livrer à temps, le spectre d’un plan de départs volontaires a fait son retour. D’autant plus que ces journées chômées ne sont pas rattrapées. Octobre en a connu cinq et décembre devrait en compter autant. Pour accompagner le lancement de la Peugeot 508, 750 personnes ont été néanmoins recrutées à La Janais… La moitié en CDD, l’autre en intérim. Début 2012 commence la mise en place de la nouvelle plate-forme de production de pièces communes. Mais de là à calmer les inquiétudes…

FLORENCE DEFRANCE, SYNDICALISTE CGT D’UNE FILIALE DE FRANCE TÉLÉCOM
La meneuse d’Atalante

Derrière un sourire permanent se cache le visage de la bête noire de France Télécom. À chaque fois que le site rennais d’Equant, filiale de l’opérateur, se rebelle, la direction tente de contenir le mieux possible la vague de protestation pour éviter qu’elle ne déferle sur l’ensemble des salariés du groupe. Résultat, France Télécom a dû céder une première fois en 2008, après une tentative d’élagage du personnel. « L’employeur a visé les prestataires, ce sont des cibles plus faciles, mais nous nous sommes tous sentis dans le même bateau, salariés et sous-traitants », relate Florence Defrance. Revirement de situation, 60 prestataires sont embauchés directement, 90 par la suite. Début 2011, c’est le retour des débrayages et des piquets de grève. En cause, le refus de la direction de verser la prime d’intéressement, d’un montant d’environ 3 000 euros. « Nous nous sommes dit que comme l’entreprise avait le droit de nous retirer l’intéressement, indique-t-elle, il fallait obtenir une augmentation des salaires. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Les syndicats négocient à la place 150 euros de plus par mois pour les 600 salariés d’Equant à Rennes. Cette ingénieure à la rhétorique bien rodée, terminant une phrase sur deux par le mot capitalisme, se sent « travailleur, comme un ouvrier de PSA. Nous n’avons pas le même salaire, mais nous sommes tout autant dépendants de notre patron ». Sur le site de Rennes Atalante, la meneuse CGT est connue de tous. C’est aussi une figure politique de la capitale bretonne depuis les années 1990. Elle a été quatrième et troisième sur la liste Lutte ouvrière aux élections municipales et régionales, mais elle n’a pas été élue.