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À l’Ouest, un futur eldorado

Métropoles | publié le : 01.12.2011 |

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À l’Ouest, un futur eldorado

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Capitale étudiante, portée par les services et l’agroalimentaire, bientôt à une heure trente de Paris en train… en dépit du recul de l’emploi industriel, Rennes compte bien jouer de ses atouts.

Avec ses 58 000 jeunes sur les bancs de l’enseignement supérieur, Rennes est la ville la plus étudiante de France. Trois habitants sur dix se préparent un avenir à l’université, à l’institut d’études politiques, dans une des 11 grandes écoles ou dans un des 28 autres établissements… Un terreau de matière grise bien utile dans une ville très innovante. Les Vélib’ n’étaient même pas nés à Paris que Rennes mettait en service sa première génération de système de vélopartage, en 1998. Quatre ans plus tard, elle devient une des plus petites villes au monde à se doter d’une ligne de métro. La seconde est dans les tuyaux, avec une ouverture prévue en 2018. Et un système de partage de voitures électriques est en cours d’expérimentation. À l’est de la ville, la technopole de Rennes Atalante a été le berceau du Minitel et du MPEG, base du format MP3. Ouverte en 1984, elle rassemble 250 entreprises et 15 000 salariés, dont 80 % d’ingénieurs. Alcatel-Lucent, Technicolor, France Télécom Orange… En 2010, plus de 500 emplois ont été créés dans l’économie numérique.

Cet essor contraste avec la déperdition de l’industrie automobile. Moteur du secteur secondaire rennais, le site Peugeot Citroën de Rennes a célébré son cinquantième anniversaire. « Quand PSA tousse, les sous-traitants vont mal », a coutume de dire Joël Josselin, le patron de FO Ille-et-Vilaine. Et depuis dix ans, PSA a fait plus que tousser. Le groupe automobile a perdu 2 500 emplois et compte aujourd’hui 6 000 salariés. Du coup, le constructeur a cédé sa place de premier employeur de la ville au CHU de Rennes. « Comme l’industrie est arrivée à Rennes plus tard qu’ailleurs, dans les années 1960, elle a continué à créer des emplois jusqu’en 2002. Mais depuis elle est en décroissance, et ses effectifs ont baissé de quasiment 10 % », indique Loïc Jézéquélou, responsable de l’observatoire économique de la CCI Rennes Bretagne. Aujourd’hui, 16 % de la population active de Rennes Métropole travaille dans l’industrie.

Cette proportion risque de diminuer avec l’annonce des suppressions de postes par PSA en novembre : 6 000 en tout, dont 5 000 en France (pour moitié des contrats temporaires ou de prestataires). Officiellement, la répartition des coupes site par site n’est pas donnée. Les salariés de La Janais devront donc attendre la mi-décembre pour être fixés. Déjà, les 700 personnes du pôle R&D de Rennes sont sur le fil, puisque c’est le secteur qui paie le plus lourd tribut, avec la suppression de 2 100 postes au niveau national. Mais selon Loïc Jézéquélou, « le recul de l’industrie est plus que compensé par les créations d’emplois dans les services aux entreprises. Elles externalisent de plus en plus ». Résultat, 36 000 salariés de l’agglomération travaillent dans ce secteur. Les sociétés de services en informatique, comme Capgemini par exemple, sont en pleine expansion. Cette année, la SSII a encore embauché 120 ingénieurs, 80 % de jeunes diplômés et 20 % de professionnels expérimentés, pour renforcer son staff de 445 experts à la technopole de Rennes Atalante. « Ce type d’entreprise, qui a besoin de matière grise, a tendance à se diriger vers d’assez grandes villes comme Rennes. Il y a une logique de métropolisation », estime Loïc Jézéquélou. Les cadres composent ainsi 11 % de la population active rennaise, contre 5 % dans le reste du département. Plus globalement, le secteur des services, fort de 180 000 salariés dans Rennes Métropole, se porte bien. Le tertiaire tire l’emploi : il est à l’origine de 65 % des établissements créés dans le bassin économique rennais et de 75 % des créations d’emplois. En outre, dans la capitale régionale, un emploi sur trois est public.

L’aire urbaine rennaise compte plus de 405 000 habitants, soit 40 000 de plus qu’en 1999. En 2030, les experts tablent sur 200 000 personnes supplémentaires. C’est dire l’importance des politiques de l’emploi, tant nationale que locale. Pour soutenir le secteur du bâtiment et des travaux publics et fournir du travail à ses actifs, la municipalité a lancé un programme de grands travaux. Entre le nouveau centre de congrès, le quartier d’affaires EuroRennes autour de la gare, la deuxième ligne de métro et la LGV, la construction remonte la pente après un fort ralentissement provoqué par la crise. Avant 2008, Rennes enregistrait une création nette de 1 000 emplois par an.

Une région très agricole. Le secteur de l’agroalimentaire, lui, n’a pas trop souffert. Il fait même office de planche de salut pour le bassin d’emploi. « Autant dans l’automobile on peut différer son achat, autant on ne peut pas se passer de manger… », rappelle Jean-Michel Boquet, directeur des ressources humaines du GIE Groupe Le Duff, dont le siège social est implanté à Rennes. L’entreprise, qui regroupe des ensei­gnes comme Brioche Dorée, Le Fournil de Pierre ou les restaurants Del Arte, compte 13 400 salariés en tout, dont un millier sur le bassin économique rennais. Et cett­e année, elle a créé 2 100 emplois net.

Il faut dire que Rennes est la capitale d’une des régions les plus agricoles de l’Hexagone. En matière d’emplois, elle occupe la première place pour l’industrie laitière et la deuxième pour la viande. Elle accueille chaque année le deuxième plus grand salon européen d’élevage, le Space (Salon des productions animales de la culture et de l’élevage). Terre agricole, bientôt située à moins d’une heure trente de Paris, Rennes sait – et doit – jouer de sa position stratégique.