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L’Observatoire français des retraites

Actu | Baromètre | publié le : 01.12.2011 | Jean-Paul Coulange

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L’Observatoire français des retraites

Crédit photo Jean-Paul Coulange

En décidant d’accélérer le passage à la retraite à 62 ans, le gouvernement Fillon a remis le sujet sur le devant de la scène. Si l’on en juge d’après les résultats de la neuvième édition de l’Observatoire français des retraites, réalisé par Ipsos pour l’UMR et Liaisons sociales magazine, il n’avait pas vraiment disparu de l’esprit des Français. Ces derniers, sondés juste avant que le Premier ministre n’annonce un nouveau tour de vis, qui recule désormais l’âge de départ pour la génération 1955, n’ont clairement pas digéré la réforme de 2010 et l’allongement de la durée d’activité qu’elle va entraîner. Et font valoir leur droit de suite pour 2012. Ils applaudissent ainsi à la proposition socialiste de retour sous conditions à la retraite à 60 ans, sans se faire d’illusions sur sa faisabilité. Paradoxalement, alors que le dossier anxiogène de la dette empoisonne le climat social, le sentiment d’inquiétude vis-à-vis de la retraite a plutôt reculé. De même que l’état calamiteux des finances publiques n’incite pas davantage de nos concitoyens à épargner. Il faut dire qu’ils n’en ont guère les moyens.Retrouvez l’intégralité de l’étude sur www.wk-rh.fr

Des actifs en grande majorité inquiets

Le sentiment d’inquiétude vis-à-vis du montant de la pension future a sensiblement diminué (- 10 points) par rapport au printemps, et revient au niveau de l’automne 2010, après le vote de la réforme. Mais il concerne encore les trois quarts des actifs occupés. Plus des deux tiers des femmes interrogées se déclarent inquiètes, ainsi que pratiquement 80 % des ouvriers et employés, et 85 % des sympathisants du PC.

Une colère intacte

Plus résignés que vindicatifs : tels apparaissent les Français un an après le vote de la réforme des retraites. La moitié d’entre eux se déclarent toujours en colère, on l’imagine, contre le recul de l’âge légal de départ à 62 ans. Les femmes (55 %) sont les plus remontées, ainsi que les ouvriers et employés (62,4 % et 61,7 %), et plus de 70 % des non-diplômés ! Au final, la réforme de 2010 ne satisfait qu’un tiers des sympathisants UMP.

Plus d’épargne

C’est l’histoire du verre à moitié plein. La moitié des Français déclarent épargner en vue de leur retraite, mais le clan des épargnants n’a grossi que d’un point en six mois. Les fourmis se comptent parmi les artisans-commerçants et chefs d’entreprise (69,5 %) et les cadres supérieurs (64,3 %), tandis que 60 % des ouvriers n’ont pas (ou pas pu) constitué de cagnotte. Seulement 1,7 % des 20-24 ans n’ont pas l’intention d’épargner.

Le collectif fait recette

La moitié des Français (et près des trois quarts des 45-60 ans) déclarent épargner en vue de la retraite. Soit un point de plus qu’au printemps dernier. Une bien faible progression, d’autant que la part des irréductibles, souvent les moins solvables (un quart des foyers gagnant 1 200 euros mensuels), qui n’ont pas l’intention de se constituer de bas de laine pour leurs vieux jours augmente encore. Et aura ainsi gagné, effet de la crise ou pas, dix points par rapport au printemps 2009. Dans les arbitrages individuels des Français, les formules classiques (livret A, immobilier…) restent largement en tête, mais les systèmes d’épargne retraite gagnent du terrain, notamment les produits collectifs. La palme revenant aux agriculteurs, dont 85 % de ceux qui mettent de l’argent de côté déclarent disposer d’une épargne retraite. Près de 30 % des salariés du secteur privé cotisent désormais à un produit collectif, tels les PEE et les Perco, mais les produits d’épargne individuels ne décollent pas. Autre indicateur intéressant, les employés (31 %) et ouvriers (29 %) font davantage confiance aux banques pour leur épargne retraite, tandis que les artisans-commerçants (37 %) et les cadres supérieurs (32 %) s’en remettent d’abord à leurs proches. Les compagnies d’assurances (12 %) ferment la marche, juste devant les services RH.

Juste mais irréaliste, le retour à 60 ans

Près de 80 % des Français interrogés souhaitent que le dossier des retraites soit abordé durant la campagne présidentielle. Alors que l’échéance se rapproche, ce message aux candidats se confirme. C’est encore plus vrai des jeunes (83 % des 20-24 ans et 81,5 % des 25-34 ans), des ouvriers (83 %) et employés (84 %), et des foyers disposant de moins de 3 000 euros de revenus mensuels. Et on imagine dans quel sens les Français veulent voir la réforme de 2010… réformée, puisque plus des deux tiers de l’échantillon souhaitent que la proposition du Parti socialiste de ramener l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans pour les personnes ayant cotisé assez longtemps soit mise en œuvre. Avec un clivage évidemment important entre les sympa­thisants du PS (85,6 %), du Front de gauche (83 %) ou des Verts (80 %) et ceux de l’UMP et du MoDem, qui à 65 % ne le désirent pas. Ensemble, 70 % des Français trouvent cette mesure juste, y compris 60 % des sympa­thisants du MoDem et même 46 % de ceux de l’UMP. Les retraités se montrent solidaires, puisque 60 % d’entre eux trouvent juste le retour de la retraite à 60 ans. Mais la raison finit par l’emporter : une majorité de Français considèrent irréaliste sur le plan financier le retour à la retraite à 60 ans. Les plus balancés sont les 45-60 ans (44 % la jugent réaliste), les ouvriers (46 %) et les foyers gagnant entre 2 000 et 3 000 euros par mois (42 %). Logiquement, 60 % des sympathisants du PS et 68 % de ceux du Front de gauche estiment cette mesure réaliste, 80 % des proches de l’UMP et 88 % de ceux du MoDem la jugeant irréaliste.

Sondage réalisé par Ipsos, du 4 au 7 novembre, auprès d’un échantillon de 1 010 personnes de 15 ans et plus interrogées par téléphone selon la méthode des quotas.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange