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L’administration bousculée

Actu | publié le : 01.12.2011 | Éric Béal

Devenue l’alpha et l’oméga, la révision générale des politiques publiques a secoué la fonction publique d’État.

Lancée en fanfare par Nicolas Sarkozy dès les mois suivant son élection, la révision générale des politiques publiques (RGPP) est devenue l’alpha et l’oméga de la gestion gouvernementale de la fonction publique. Dès le départ, le chef de l’État promet un « changement en profondeur des méthodes, de l’organisation et des critères d’évaluation » employés au sein de l’administration. Une révolution des mœurs qui s’appuie sur l’intervention de consultants privés, chargés d’auditer les ministères, d’identifier les mesures à prendre, puis de les accompagner dans le temps. Le président de la République s’implique personnellement en pré­sidant le Conseil de modernisation des politiques publiques (CMPP).

Cette instance chargée d’adopter les mesures nécessaires s’est réunie cinq fois entre décembre 2007 et mars 2011, 559 mesures ont été adoptées et 119 entièrement mises en application. Une majorité de ces mesures reprend les recettes de management des entreprises privées : réorganisation par fusion et mutualisation, coupes dans les effectifs, introduction des outils de GRH du privé, le tout sur fond de logique budgétaire imposant des réductions de moyen. Dans le rôle de gardien de la doctrine, la Direction générale de la modernisation de l’État (DGME) sert de relais entre l’administration et les consultants et conseille les ministres sur leurs projets de réorganisation.

De nouveaux outils de management sont mis en place : fusion des corps administratifs et création d’un corps interministériel d’attachés pour faciliter la mobilité interne. Fusion des diverses primes en une prime de fonctions et de résultat. Apparition de bourses interministérielles de l’emploi public en région. Mais parallèlement, la fonction publique connaît des réductions d’effectifs (150 000 sur le quinquennat) et des fusions de services ministériels. De quoi déstabiliser son fonctionnement. En région, les agents habitués à travailler dans des services de petite taille doivent s’adresser à des ensembles administratifs plus lourds (Direccte, DGFip, ARS, etc.). Trop importantes pour pouvoir être remises en question, ces réorganisations rendent nécessaire de redéfinir les missions de la fonction publique. Ce que la RGPP, avec son rythme infernal, n’a pas eu le temps de faire.

Auteur

  • Éric Béal