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Les branches négocient sur la pénibilité dans la douleur

Actu | Veille | publié le : 01.11.2011 | Stéphane Béchaux

Les discussions sectorielles sur la pénibilité se font a minima. Faute d’envie ou de moyens.

Le miracle a bien eu lieu, le 19 septembre. Ce jour-là, l’Union française des industries pétrolières (Ufip) signe avec la CFDT, FO et la CFTC un accord de branche portant sur la pénibilité et le stress au travail. Un texte qui permet aux salariés postés de bénéficier d’un dispositif de cessation anticipée d’activité pouvant atteindre quatre années. Dès sa signature, le texte est érigé en « modèle » par les organisations syndicales, tous secteurs d’activité confondus. Celles-ci prennent, depuis, un malin plaisir à le brandir sous le nez des délégations patronales, en exigeant des dispositifs similaires dans leurs propres branches.

Un doux rêve. Car aucune fédération patronale n’a l’intention de suivre le « mauvais exemple » de l’Ufip, dirigée par Jean-Louis Schilansky, le… vice-président trésorier du Medef ! « Il s’agit d’une branche riche, dont la convention collective prévoyait déjà des préretraites. Celle-ci est, de plus, dominée par Total, qui dispose aussi de son propre dispositif de cessation », argue un négociateur patronal. Tout en reconnaissant que l’accord paraphé par l’Ufip et ses partenaires « ne facilite pas les affaires des autres fédérations patronales ».

Les dirigeants ont beau n’avoir que jusqu’à la fin décembre pour finaliser leurs négociations sectorielles sur la pénibilité, ils ne se précipitent pas pour le faire. Dans le tertiaire, notamment, les discussions se font très rares. « Dans toutes les branches du commerce, on ne voit rien venir. Il n’y a que dans la blanchisserie et les hôtels, cafés, restaurants que le sujet est abordé. Et encore, de façon parfois très générale », constate Christine Bizeul, chargée des questions de santé au travail à la Fédération CFDT des services. Les PME de 50 à 300 salariés auraient pourtant tout intérêt à être couvertes par des accords de branche étendus. Ces derniers les exonèrent de concocter leur propre accord ou plan d’action unilatéral tout en les mettant à l’abri, à partir du 1er janvier 2012, de toute pénalité pécuniaire. À quelques semaines de l’échéance, les seules branches à s’être saisies du sujet, hormis le BTP, se trouvent dans l’industrie. À l’image de la métallurgie, qui a entamé ses discussions fin septembre.

Partout, les débats sont très animés. Prêtes, au mieux, à négocier sur la prévention de la pénibilité et l’amélioration des conditions de travail, les fédérations patronales refusent d’aborder les questions liées à la réparation. À l’instar de la chimie. « Dès le début, on a fait savoir qu’on ne négocierait pas ce volet au niveau de la branche. Cela relève des entreprises. Par ailleurs, ce serait contradictoire avec notre volonté de maintenir les seniors dans l’emploi », illustre Ithier d’Avout. Et le directeur du département social de l’Union des industries chimiques de citer Rhodia et Arkema comme exemples d’entreprises ayant négocié sur le sujet. Pour les syndicats, tous secteurs confondus, la position relève du casus belli. Ils entendent arracher des compensations pour les salariés usés et refusent de s’en tenir à de belles intentions sans caractère normatif. « À la CGT, on est clair : les négos doivent traiter de la prévention et de la réparation. Pour beaucoup de salariés, il est trop tard pour prévenir. Il leur faut des dispositifs de départ immédiats », juge Éric Aubin, chargé des retraites à la CGT. Le différend rend incertaine la conclusion des négos. Dans le caoutchouc, elles ont avorté, la partie patronale ayant claqué la porte mi-septembre. Dans la chimie, elles ont repris après avoir été suspendues. Dans la métallurgie, enfin, on a choisi de ne pas entamer les discussions par ce débat de fond…

Auteur

  • Stéphane Béchaux