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Le journal des ressources humaines

“Les Opca sont devenus des agents du fisc”

Le journal des ressources humaines | Formation | publié le : 01.10.2011 | A.-C.G.

Jean-Pierre Willems, consultant en formation professionnelle, revient sur les regroupements d’Opca. Une opération de recentralisation qui, selon lui, est loin de profiter aux entreprises.

Que nous apprend le mouvement de rapprochement des organismes paritaires collecteurs agréés réalisé cet été ?

La formation professionnelle, jusqu’ici largement paritaire, est aujourd’hui devenue un espace fortement administré. Au départ, l’idée des regroupements était de proposer plus de services aux entreprises. Cet objectif a totalement disparu de la réforme. L’État a surtout cherché à regrouper les Opca pour mieux les contrôler. Il en a fait des agents du fisc. Ils sont là pour financer les politiques publiques de l’emploi que l’État ne peut plus prendre en charge. Tout cela n’a été qu’une opération de recentralisation, menée brutalement.

Le mercato des Opca est-il clos ?

Les branches ont été aux commandes des regroupements. Elles ont choisi les Opca qu’elles allaient héberger ou rejoindre. L’Opca sert de point focal à la branche dans sa politique de formation. À l’avenir, si elles considèrent qu’un Opca n’est pas performant, elles pourront changer d’écurie. D’ici à trois ans, nous pourrions assister à un nouveau mouvement de concentration d’Opca.

Qu’est-ce que cela change pour les entreprises ?

Paradoxalement, alors que davantage d’argent va transiter par les Opca, le retour sur investissement risque d’être moindre. Les fonds de la formation sont de plus en plus fléchés. Les Opca auront moins de marge de manœuvre et les entreprises disposeront donc de moins d’argent pour des projets globaux. Certaines grandes entreprises avaient pris l’habitude de travailler avec leur Opca. N’ayant plus de garantie de retour sur investissement, elles pourraient reprendre leurs billes et réinternaliser leur plan de formation.

Que leur conseillez-vous ?

Aux grands groupes, de la vigilance et de la négociation avec les équipes des Opca. Les petites entreprises doivent être proactives. L’Opca n’aura pas le temps de s’occuper des adhérents qui ne demandent rien. Elles ne doivent pas non plus fonder une politique de formation pérenne sur l’Opca. Si, une année, elles récupèrent plusieurs millions d’euros, l’année suivante, ce ne sera peut-être pas le cas.

Auteur

  • A.-C.G.