C’est le propre de Pôle emploi que de trouver un poste à ceux qui n’en ont pas. Reste que, dans le domaine de la culture et du cinéma, ce n’est pas chose aisée. Tout est affaire de réseau.

Pour permettre aux intermittents de tester leurs compétences et de faire un point sur leurs aptitudes, l’agence spécialisée Spectacle Paris-Alhambra a donc proposé courant 2008 à un réalisateur de tourner un film avec eux, dans le cadre d’une évaluation en milieu de travail. Ali Borgini s’est collé au scénario. Un huis clos familial, entre Festen et les Dix Petits Nègres, d’Agatha Christie. À l’aube de sa mort, un richissime homme d’affaires, cynique et cruel, réunit ses proches autour d’un invité « mystère ». Intrigues et cupidité au menu. À l’issue d’un casting, 22 comédiens à la recherche d’un emploi ont été sélectionnés. Un pilote est tourné. Le résultat plaît tellement à l’équipe qu’elle se lance dans un long-métrage en 2009. À la clé, un vrai rôle, un contrat et des semaines de travail pour des acteurs en galère souvent depuis des années. Surtout, une expérience à faire valoir auprès des producteurs de plus en plus frileux et un réseau enrichi de contacts.

L’originalité de ce « dernier week-end » tient plus à cette volonté de faire un film d’auteur, sans budget ni tête d’affiche, à rebours des blockbusters, qu’à la qualité de l’interprétation. Dans une industrie du cinéma de plus en plus formatée, où les financiers ont pris le pouvoir, filmer une histoire suppose d’être inventif et de trouver des sources alternatives de création. Puiser dans le vivier des jeunes comédiens de Pôle emploi est une solution, mais sans doute pas suffisante pour réaliser un vrai bon film palpitant…

Le Dernier Week-End (1 h 47), film d’Ali Borgini. Sortie en salles le 12 octobre.