Le « pays joyeux » de Polisse est aux antipodes de celui de « L’Ile aux enfants ». C’est pourtant avec le générique enlevé de cette émission culte des années 70 que Maïwenn a choisi de démarrer sa descente dans le quotidien de la brigade de police des mineurs (BPM) de Paris. Et ce n’est plus toujours le temps des rires et des chants… Le nouvel opus de cette cinéaste tout en finesse nous emmène dans un monde où le pire côtoie le meilleur. Et l’espoir, la souffrance. Des ados à la sexualité débridée qui récupèrent leur portable volé à coups de fellation, un père incestueux qui s’en sort grâce à son carnet d’adresses, des enfants roumains enlevés à leur famille maltraitante… Crus et sans détour, les interrogatoires s’enchaînent. Face à la parole des plus jeunes, les adultes s’effondrent. Parfois, mais pas toujours.

Tous n’ont pas conscience de la gravité de leurs actes. Ce sont ces mots, ces repentirs, que les policiers de la BPM essaient d’attraper sous l’œil témoin de Maïwenn, transformée en reporter-photographe. La vérité est un des moteurs de la réalisatrice du Bal des actrices. Les journées de ces superhéros campés par JoeyStarr – génial -, Marina Foïs, Karin Viard, Nicolas Duvauchelle ressemblent à un puits sans fond. Méprisée par les stups ou les mœurs, la « brigade des biberons » tente, avec les moyens du bord, de redonner leur dignité à ces gamins brisés.

Ça crie, injurie, moleste. Les femmes jouent les gros durs. Mais le soir, face à leurs enfants, l’angoisse explose. Leur mission de sauvetage chevillée au corps, tous fonctionnent comme une petite famille, avec ses coups de cœur, et ses coups de gueule. Bouleversant.

Polisse (2 h 7), film de Maïwenn. Sortie en salles le 19 octobre.