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Idées

Emploi et santé, points noirs de la rentrée

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.10.2011 | Michel Yahiel

LES MÉDIOCRES RÉSULTATS DES POLITIQUES DE L’EMPLOI

La persistance d’une situation de l’emploi dégradée est de nature à décourager toutes les bonnes volontés, d’autant que le phénomène perdure et ne peut s’expliquer par la seule crise des dettes souveraines, comme le montre d’ailleurs la bonne santé des entreprises, singulièrement des groupes du CAC 40, dont la courbe des valorisations boursières, à la baisse, croise étrangement celle des bénéfices, à la hausse. En outre, ce n’est pas la démographie, n’en déplaise à certains, qui peut avoir causé cette situation, car, en dépit d’une natalité soutenue, les jeunes sont moins nombreux à rejoindre le marché du travail que ceux des générations précédentes, alors que les départs à la retraite restent fort soutenus.

La question de l’efficacité des politiques publiques se pose donc avec acuité, puisque, malgré toutes les réformes récentes et un volontarisme marqué, notamment en faveur de l’alternance, les résultats restent médiocres. Cela devrait inciter les décideurs publics à l’humilité face aux anticipations des acteurs économiques, dont le degré de confiance dans l’avenir pèse à l’évidence bien plus lourdement, en termes de décisions de recrutement et de maintien dans l’emploi, que leur sensibilité aux annonces. Et la croissance du chômage interroge sans doute moins les moyens financiers mis en œuvre – quoique l’ampleur du plan annoncé par le président Obama nous fasse, au minimum, mesurer combien les nôtres restent relatifs – que l’organisation pratique de nos dispositifs, où la diversité des acteurs et des décideurs n’est assurément pas un facteur d’efficience.

LES COMPTES SOCIAUX EN DÉFICIT HISTORIQUE

La rentrée n’est guère plus brillante côté comptes sociaux. Dans son rapport annuel, la Cour des comptes livre un verdict attendu mais cinglant sur l’exercice 2010 : déficit « historique » de 28 milliards d’euros, alors que la masse salariale s’est relativement bien tenue : en somme, cela aurait pu être pire… Quand on se rappelle que 1993 s’était soldé par un déficit d’environ 9 milliards, on mesure que notre problème structurel n’a pas changé de degré depuis lors, mais bien de nature. La dette s’en ressent, celle de l’Acoss ayant doublé en un an, faute d’avoir été transférée à la Cades, choix qui, soit dit en passant, enfreint une « règle d’or » des plus importantes pour nos régimes sociaux. La Cour, en concluant sobrement à la nécessité de « maîtriser les dépenses de santé », choisit une sorte d’understatement : ce débat n’est, il est vrai, pas encore entré de plain-pied dans la précampagne présidentielle, malgré quelques escarmouches autour de la dépendance. Il serait fort étonnant, et pour tout dire inquiétant, qu’il n’y fasse pas rapidement irruption.

On ne peut conclure cette page sans saluer la mémoire de Bernard Brunhes, qui manque déjà à ses amis et, plus largement, aux causes qui furent les siennes dans le social, dont il fut un acteur clé et un inlassable pédagogue, en France et bien au-delà. Adieu Bernard.

Ingénieur des relations sociales :

nous empruntons à d’autres cette jolie tournure qui résume le métier-passion de Bernard Brunhes. Parmi ses nombreuses activités, il a tenu, avec brio, de septembre 1998 à juin 2010, le Bloc-Notes de Liaisons sociales magazine, en alternance avec Raymond Soubie. Dans la dernière chronique qu’il nous a livrée, il appelait de ses vœux une taxe sur les hauts revenus, regrettait qu’en France les réformes, comme celle des retraites, ne se fassent qu’en temps de crise et, du coup, soient « mal conçues », et déplorait le silence de l’opposition sur le logement social ou l’Éducation nationale. Fort d’une parfaite connaissance des arcanes administratives et des contraintes de la gestion des entreprises, il détenait cette – rare – double culture et cet esprit visionnaire qui vont nous manquer. La rédaction

Auteur

  • Michel Yahiel