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Éditorial

Pourquoi les DRH fichent le camp…

Éditorial | publié le : 01.10.2011 | Jean-Paul Coulange

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Pourquoi les DRH fichent le camp…

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Dans le Landerneau des ressources humaines, l’annonce de l’installation à Hong Kong du président du groupe français Schneider Electric, Jean-Pascal ­Tricoire, et d’une partie de son comité exécutif, dont la DRH groupe, a fait grand bruit. Côté syndical, la CGT a vite dénoncé cette « délocalisation » d’un pan de la direction du groupe. Non sans rappeler que « l’abandon de la France par le groupe ne date pas d’hier », puisque les effectifs de Schneider Electric, dans l’Hexagone, ne représentent plus que 17 % du total, au lieu d’un tiers il y a dix ans. Et que les pays émergents concentrent désormais les deux tiers des salariés. On pourrait ajouter que le spécialiste de l’énergie ne réalise plus que 7 % de son chiffre d’affaires en France, contre 40 % en 1996…

Non, Schneider Electric n’a pas fui notre beau pays. Le groupe y conserve son siège, un président et une DRH. Les plus nostalgiques regretteront, sans doute, que cette entreprise vieille de 187 ans, possédant quelques fleurons de l’industrie française, à l’instar de Merlin Gerin, créé en 1920, ou de Telemecanique, fondé entre les deux guerres, devienne de plus en plus asiatique. Pragmatique, Jean-Pascal Tricoire, qui passe près de neuf mois de l’année hors de nos frontières, a souhaité s’établir au cœur de ses marchés les plus porteurs et y installer sa propre famille. Après la France sans usines, telle que l’avait imaginée, il y a dix ans, Serge Tchuruk, l’ancien P-DG d’Alcatel, après la France sans R & D, risque que fait planer la croissance exponentielle des géants de l’outsourcing en Inde, une France sans dirigeants ni centres de décision ? À vrai dire, le mouvement de « déterritorialisation » des grandes entreprises hexagonales est engagé depuis des lustres. La création de directions régionales a pour objectif de coller avec la réalité de leurs implantations et de leurs activités.

Mais, des grands groupes et de leurs dirigeants, la France peut attendre un minimum de citoyenneté. Telle n’a pas été l’attitude de Total, qui a profité – avant d’y renoncer – du généreux système du « bénéfice mondial consolidé », lui permettant d’imputer les pertes réalisées dans d’autres pays et de ne pas payer en 2010 d’impôt sur les sociétés dans l’Hexagone, bien qu’il ait réalisé 10 milliards d’euros de bénéfices. A contrario, l’État ne fait pas toujours preuve de compréhension à l’égard des grandes entreprises, comme l’illustre l’affaire de la très franco-française prime sur les ­dividendes. À sa manière, Rhodia a donné une bonne leçon de mondialisation aux pouvoirs publics en décidant de faire profiter de ce nouvel avatar salarial l’ensemble de ses troupes, et non pas uniquement ses salariés français : 600 euros versés dans l’Hexagone, 500 aux États-Unis, 350 au Brésil, 80 en Chine et 47 en Inde, selon une clé de répartition calée sur la masse salariale. Car, bien que Rhodia ne réalise plus désormais que 7 % de son activité en France, il y compte néanmoins un tiers de ses effectifs…

Auteur

  • Jean-Paul Coulange