L’Apec reste une association paritaire et ses missions ont plutôt tendance à s’élargir. Au grand soulagement de Marie-Françoise Leflon, sa nouvelle présidente, issue des rangs de la CFE-CGC. Vu les critiques essuyées par l’Association pour l’emploi des cadres ces derniers mois, ce résultat est presque inespéré. Lui étaient reprochées une concurrence déloyale sur l’accompagnement des demandeurs d’emploi et l’utilisation abusive des cotisations obligatoires des cadres pour renflouer le déficit de ses activités commerciales. La Commission européenne elle-même lui demandait de préciser les conditions d’exercice de ses missions de service public et de ses activités lucratives. Mise au banc des accusés, l’association née en 1966 a bien failli être avalée par Pôle emploi et amputée de ses activités en concurrence avec les entreprises privées regroupées au sein du Syntec Conseil en évolution professionnelle.
Mais c’était sans compter sur l’opiniâtreté de ce petit bout de femme de 63 ans, dont les interlocuteurs habituels soulignent le caractère bien trempé et la détermination. Pendant près d’un an, elle s’est démenée, en tant que négociatrice côté CFE-CGC, pour faire avancer la réflexion des organisations syndicales. « J’ai essayé de créer le consensus de notre côté pour contrer la proposition du Medef de recentrer l’Apec sur ses missions de service public », explique-t-elle. « La CGC souhaitait démontrer qu’elle servait à quelque chose », susurre-t-on dans les autres syndicats.
Pour autant, démonstration est faite. Début 2011, les organisations syndicales ont présenté un texte commun, repris à 90 % par la délégation patronale (Medef, CGPME et UPA) après quelques mois de tergiversation. Élue pour deux ans à la présidence le 14 septembre, Marie-Françoise Leflon doit cependant encore faire ses preuves. « Elle a le sens de l’écoute et envie de travailler », indique Éric Peres, de FO Cadres. Ce qui tombe à pic, car « elle découvre certains chantiers et aura besoin des autres syndicats pour avancer », estime Jean-Paul Bouchet, de la CFDT Cadres. Car, si l’intégrité de l’Apec est préservée, il lui est impératif de modifier son fonctionnement. L’accord signé le 12 juillet par les partenaires sociaux prévoit un élargissement de son public aux jeunes diplômés, il étend le périmètre de ses activités d’intérêt général et clarifie la séparation de ces dernières avec les activités lucratives. « Il nous faudra proposer des offres d’emploi différentes et faire preuve d’innovation », admet la syndicaliste, que le chantier à venir n’effraie pas. Déjà peu présente à la banque HSBC, où cette commerciale exerce toujours, Marie-Françoise Leflon devra sans doute délaisser ses clients pour réussir à faire évoluer l’Apec en douceur.
Présidente de l’Apec.
1999
Déléguée syndicale du SNB CFE-CGC à la Banque Hervet, (devenue HSBC en 2005).
Déléguée nationale du SNB CFE-CGC.
2003
Déléguée nationale de la CFE-CGC au pôle emploi-formation.
2010
Secrétaire nationale de la CFE-CGC chargée du secteur emploi.