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Les négociations salariales s’annoncent ardues

Actu | Veille | publié le : 01.10.2011 | Stéphane Béchaux

Inflation record, crise boursière et croissance molle bousculent les politiques de rémunération.

Les prochaines négociations salariales annuelles s’annoncent compliquées dans les entreprises hexagonales. Cet été, les dirigeants annonçaient encore des enveloppes relativement généreuses pour l’année 2012. De l’ordre de 3 %, si l’on en croit l’étude réalisée du 1er juillet au 19 août par le cabinet Aon Hewitt auprès de 193 entreprises. Sauf que l’enquête paraît déjà un peu datée : elle ne tient compte ni de la déconfiture boursière des dernières semaines ni des révisions à la baisse de la croissance en France et dans la zone euro. « Jusqu’au mois d’août, les entreprises se disaient assez volontaristes, avec des augmentations générales élevées pour compenser l’inflation et des budgets conséquents pour rémunérer la performance individuelle. Mais, aujourd’hui, elles anticipent un atterrissage de l’activité qui pourrait se traduire par des politiques salariales plus sages et moins risquées », explique Joël Réthoré, consultant en rémunération globale chez Aon Hewitt.

Certains se montrent plus pessimistes encore. À l’instar des conjoncturistes de Xerfi qui, à la détérioration du climat économique, ajoutent les mesures gouvernementales d’austérité (prime « dividendes », hausse des frais des mutuelles, renchérissement des heures supplémentaires) pour dresser un tableau bien sombre. « Les entreprises vont immanquablement intégrer ces éléments dans leur politique de contrôle des frais de personnel. En d’autres termes, c’est un système de vases communicants qui va se traduire par des hausses nominales et personnalisées réduites et des augmentations collectives proches de zéro », annoncent-ils dans leur dernière lettre.

Des prévisions très noires qui ne font pas l’unanimité. « Les entreprises vont quand même devoir faire des gestes, envoyer des signaux positifs. Car le désengagement et la perte de confiance guettent », soutient le DRH d’un grand groupe industriel. D’autant plus que la France a connu, en août, une poussée d’inflation (1,99 %) inédite depuis trois ans. Un taux que les syndicats ne manqueront pas de rappeler lors des NAO. Mais sans grande illusion. « Le climat n’est pas à la revendication, même si les salariés ont perdu du pouvoir d’achat. Ils pensent de nouveau plus à garder leur emploi qu’à réclamer des hausses de salaire », admet le délégué syndical d’une grande banque.

Et pourtant, tout concourt à la grogne. Car la déconfiture boursière n’a pas seulement rendu inopérantes les levées de stock-options des cadres sup. Elle a aussi fait fondre l’intéressement et la participation des employés lambda, bloqués dans des FCPE. Sans parler des économies investies dans des opérations d’augmentation de capital réservée aux salariés. Un cactus. « Les entreprises sont très soucieuses de ne pas surexposer leurs collaborateurs aux aléas des fluctuations boursières. De plus en plus optent pour la distribution d’actions gratuites ou proposent des mécanismes garantissant le capital de départ », note Gérard Silve, spécialiste de l’actionnariat salarié chez Towers Watson.

Une protection dont n’ont pas profité les 48 000 salariés de la Société générale qui, en mai, ont souscrit à l’augmentation de capital de leur banque, au prix décoté (– 20 %) de 37,50 euros l’action. Quatre mois plus tard, le titre en valait la moitié… Les employés du Crédit agricole, eux, ont eu plus de chance. Début septembre, ils ont bénéficié d’une période de rétractation, pour ne pas être obligés d’acheter 8,24 euros une action en valant 5,40. Sauf à vouloir donner l’exemple, aucun ne s’est fait prier…

Auteur

  • Stéphane Béchaux