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Métropoles

La Région mise sur le levier de la formation

Métropoles | publié le : 01.09.2011 | Colette Goinère

Pour doper les compétences, l’Aquitaine accompagne les actions d’entreprises.

Si l’Aquitaine compte un taux de chômage (9,2 %) tout à fait dans la moyenne nationale, la Région ne possède pas de locomotive pour tirer son économie. Alors, il lui faut se battre pour enraciner davantage les activités existantes. Alain Rousset, à la tête de l’exécutif régional, ne manque jamais de rappeler que le soutien à la reconstruction du site Turbomeca, à Bordes, dans les Pyrénées-Atlantiques, est le plus bel exemple de lutte contre la délocalisation des emplois. Pour assurer cet ancrage, la Région bichonne les grands groupes, dont les centres de décision sont, pour la plupart, situés en Ile-de-France, et n’hésite pas à les accompagner dans leurs projets de recherche et développement, si tant est qu’ils y intègrent des PME du cru.

Partenariats avec Arkema, Thales, Snecma Propulsion Solide, autour des nanotubes de carbone et des composites thermostructuraux. Ce n’est pas tout. Pour arrimer les compétences au territoire, la Région utilise massivement le levier de la formation. D’abord en accompagnant les mutations industrielles, selon le principe qu’il vaut mieux former plutôt que de licencier. Ainsi, en 2010, 12 445 salariés issus de 3 067 entreprises ont bénéficié de formations. Ou bien alors en aidant les entreprises à se doter de compétences. Exemple ? Pour répondre à l’envolée de ses ventes, la célèbre marque de ballerines Repetto va procéder à l’extension de son site industriel de Saint-Médard-d’Excideuil, en Dordogne (150 salariés sur un total de 270), et compte embaucher 150 salariés d’ici à quatre ans. Le hic : il faut les former au « cousu retourné », un savoir-faire propre à Repetto. Chaque semelle de cuir est cousue à l’envers avant d’être retournée. Du coup, la Région a proposé du sur-mesure pour accompagner la PME, au travers de la création d’une formation préalable à l’emploi. Un miniatelier de production – plateau technique – va être installé dans un lycée professionnel proche de la PME. Huit cent quarante-sept heures de formation seront délivrées à chaque stagiaire recruté. La Région apporte 100 000 euros pour une dizaine de stagiaires. Pôle emploi et les partenaires sociaux devraient mettre au pot pour un même montant.

Subventions. Autre exemple, au dernier Salon du Bourget, la Région et le Groupe Sabena Technics, spécialisé dans la maintenance aéronautique (3 500 salariés, un chiffre d’affaires de 550 millions d’euros), ont signé une convention qui va permettre au site girondin de Mérignac (700 salariés) de bénéficier d’un plan de formation de 223 000 euros. Le conseil régional le subventionne à hauteur de 100 000 euros. Au-delà de l’amélioration de la satisfaction client, ce plan doit permettre aux salariés de prendre conscience de la notion de performance collective.

Autre priorité pour la collectivité : les jeunes. Avec une attention particulière pour les 55 000 les plus fragilisés. En partenariat avec l’Afpa, la collectivité peaufine un nouveau concept d’école de la deuxième chance par l’alternance qui intègre un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. « Il s’agit de prendre des 16-25 ans sans projet, sans qualification, et de les amener à avoir confiance. Nous voulons les accompagner et les aider à cons­truire un projet de vie et de métier », indique Jean-Philippe Sautonie, directeur de la formation professionnelle continue à la région Aquitaine. La mise en œuvre de ce projet devrait commencer fin 2011. C’est l’Afpa qui en assurera la gestion au quotidien. En vitesse de croisière, 300 jeunes pourraient être formés. Une expérimentation qui intéresse déjà d’autres collectivités.

ALAIN JUPPÉ, MAIRE DE BORDEAUX
L’objectif de 1 million d’habitants n’est pas illusoire

Bordeaux a-t-il bien résisté à la crise ?

Je crois effectivement qu’il a bien résisté. Il le doit à sa vitalité économique. La transformation (transports, aménagement urbain…) qu’ont connue Bordeaux et son agglomération a joué un rôle prépondérant. À tel point qu’aujourd’hui une grande partie des entreprises de l’agglomération se situe et se créé dans Bordeaux intra-muros.

Un million d’habitants au total et 75 000 emplois supplémentaires à l’horizon 2030 est-il un objectif réaliste ?

Pour Bordeaux, nous visons plutôt les 300 000 habitants. Le chiffre de 1 million d’habitants concerne l’agglomération.

Au vu des derniers chiffres du recensement, ce double objectif n’est pas illusoire. Ainsi, Bordeaux a gagné près de 30 000 habitants en dix ans. Quant aux emplois, nous en escomptons 30 000 pour le seul projet Euratlantique.

Quel rôle doivent jouer, dans ce domaine, les collectivités territoriales ?

Leur rôle est d’initier des projets porteurs de dynamisme, donc d’attractivité pour les entrepreneurs, mais aussi de réaliser les infrastructures nécessaires à leur développement. En marge des opérations d’envergure telles qu’Euratlantique, il faut inventer et mettre en place un maillage du territoire en lieux de soutien à la création d’entreprises, pépinières et incubateurs notamment. Cela permet de créer de l’emploi en quasi centre-ville.

Le site Ford à Blanquefort est-il sauvé ?

Le retour de Ford est le résultat d’un long travail où l’État, les collectivités et les salariés ont uni leurs efforts. Aujourd’hui, je suis très optimiste quant à la pérennité de FAI. En effet, Ford investit plus de 100 millions d’euros sur le site afin de produire une nouvelle boîte de vitesses. Cela donne une visibilité à dix ans au moins.

Le projet First Solar a-t-il été la victime collatérale du Grenelle de l’environnement ?

Les objectifs du Grenelle de l’environnement, que j’ai lancé en 2007, sont de porter à 23 % au moins la part des énergies renouvelables en 2020. S’agissant du photovoltaïque, ils sont d’atteindre 5 400 mégawatts installés en 2020 et de développer une filière industrielle française, tout en limitant le surcoût pour les consommateurs. Le moratoire voté fin 2010 a déstabilisé la filière. Il faut donner aux industriels une visibilité suffisante du marché français à moyen terme. Je souhaite que nous parvenions rapidement à une solution qui permette à First Solar comme à d’autres, tel Exosun, entreprise girondine leader dans les dispositifs de suivi de la course du soleil, de construire ou de conforter leur outil industriel en France.

Auteur

  • Colette Goinère