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Idées

RSA : un mauvais débat

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.06.2011 | Michel Yahiel

UN DES GRANDS SERPENTS DE MER DE NOTRE HISTOIRE SOCIALE

Le débat relancé avec éclat par Laurent Wauquiez, ministre des Affaires européennes, sur la conditionnalité du revenu de solidarité active (RSA) a réanimé l’un des grands serpents de mer de notre histoire sociale (souvenons-nous des polémiques qui ont accompagné la naissance du revenu minimum d’insertion au début des années 90). Comme de nombreux observateurs l’ont relevé, le choix du moment, marqué par la réforme de la fiscalité du patrimoine, n’est pas heureux, pas davantage que la publication de chiffres plutôt éloignés de la réalité.

Au-delà de la polémique, la question du niveau des minima sociaux, de la complexité des règles qui les entourent (de ce point de vue, le revenu de solidarité active n’est clairement pas en reste), notamment en termes de combinaison des droits, bref l’opacité du système, alimente bien des fantasmes – dont l’éternelle dénonciation des fraudes – et, pis, des ressentiments au sein de larges franges de l’opinion.

Ouvrir un débat sur la problématique générale du « minimum vital », pour une personne seule ou une famille, en particulier dans les situations les plus éloignées de l’emploi, permettrait sans doute d’objectiver concrètement qu’à ce niveau le sujet des contreparties devient parfaitement théorique. Il faudrait plutôt investir les énergies dans la rationalisation des moyens d’accompagnement et de retour à l’emploi, puisque tel est bien ici l’enjeu central, pour les intéressés et pour le corps social. Non, décidément, cette bien mauvaise querelle ne risque pas de faire avancer la réflexion.

DE LA CROISSANCE, PEU D’EMPLOIS

Dans un rapport très intéressant traitant de la croissance à l’horizon 2030, le Centre d’analyse stratégique et la Direction générale du trésor viennent de présenter plusieurs scénarios. Le plus pessimiste table sur une croissance moyenne de 1,6 % sur la période et le plus optimiste sur un taux de 2,3 %, ainsi que sur des niveaux de chômage s’étageant de 8,5 à 4,5 %. Malgré l’embellie enregistrée au premier trimestre 2011 avec 1 % de progression du PIB, force est de constater que les perspectives sont modérément réjouissantes. Une des raisons avancées par les auteurs pour expliquer le rebond relativement modeste de l’emploi à l’occasion de la sortie de crise serait le recours à une certaine flexisécurité dans notre pays, dans lequel, par comparaison, la régulation a d’abord porté sur l’intérim ou les contrats précaires. De fait, il y aurait moins d’emplois à « recréer » à ce stade.

FONCTION PUBLIQUE : UN FEU QUI COUVE ?

Le gel persistant des salaires dans la fonction publique crée une situation assez inédite. Certes, le dialogue social semble y suivre convenablement son cours sur des questions consistantes (emploi précaire, égalité professionnelle, moyens du dialogue social…). Mais l’initiative récente de la « prime 1 000 euros » liée au niveau des dividendes et, donc, directement à la reconnaissance de ce que la crise est passée ne peut manquer de créer un effet de contraste assez net, surtout au sein d’une population active dont la rémunération moyenne reste modeste. Ce chantier pourrait donc bien faire un retour marquant dans les prochains mois.

Auteur

  • Michel Yahiel