Le « pépeurborde » n’est jamais vierge. Il garde toujours des résidus mystérieux de la réunion d’avant. Un fatras nébuleux de flèches, de chiffres et de sigles qui fait penser à la traduction islandaise du « Business pour les nuls ». Le tout écrit en rouge, parce que le feutre rouge n’est jamais à sec. Mais, après s’être débarrassé de ces gribouillages abscons, le chef de réunion a encore de sacrés défis à relever : écrire en parlant, sans faire de fautes ; ne pas descendre trop bas dans la page pour que ceux du fond puissent tout lire. Il doit alors se lancer dans un repliage sportif des feuilles qui finissent par faire ressembler le chevalet à un empilage de voiles sur la tête d’une mariée. Faire référence à un schéma ou à un pourcentage notés au début de la réunion relève alors de la mission impossible. À moins de se transformer en épouvantail hystérique shooté aux effluves de marqueur. Les vrais pros, les routards de la réu réussie savent, eux, qu’il faut détacher chaque feuille une fois remplie et la fixer au mur pour que l’auditoire ait à tout moment une vision d’ensemble du propos. Reste à savoir où est le Scotch…

“Il me semble que le tableau remplit des fonctions extrêmement importantes, car c’est un espace où :

– on inscrit le plan ;

– on met en exergue ce qui est notable ;

– on représente graphiquement des contenus qui sont peu aisés à faire passer par la parole. Et enfin, parfois, on travaille ensemble pour élaborer une solution commune, un consensus, cette dernière fonction semblant particulièrement bien remplie par les tableaux numériques interactifs.”

André Tricot, professeur de psychologie cognitive, Laboratoire Travail et Cognition, université de Toulouse.

À l’école, c’est le traditionnel tableau noir – ou vert – qui domine encore. Mais le tableau blanc interactif (TBI) fait des pas de géant et pénètre peu à peu dans les classes. Il s’en est vendu 13 000 en France en 2010 et les prévisions donnent 33 000 ventes pour l’année 2011. Selon une étude réalisée sur deux ans dans 100 classes de CM1 et de CM2, avec et sans TBI, par le Center for Learning de l’université de Newcastle, 99 % des enseignants pensent que le TBI augmente la motivation des élèves, et 85 % estiment qu’il améliore les performances des apprenants, même si cette amélioration n’est pas immédiate.

Chevalet de conférence : c’est le paperboard, en bon français. Sauf que nous basculons dans l’ère numérique ; il va donc falloir passer au TBI (pour tableau blanc interactif).