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Éditorial

Le compte n’y est vraiment pas

Éditorial | publié le : 01.05.2011 | Jean-Paul Coulange

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Le compte n’y est vraiment pas

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Jusqu’au bout, le quinquennat de Nicolas Sarkozy sera donc placé sous le signe du pouvoir d’achat. Durant les quatre premières années de son mandat, démarré en fanfare avec le fameux slogan « travailler plus pour gagner plus » et traduit par la loi Tepa libérant les heures supplémentaires, le chef de l’État aura beaucoup œuvré pour tenter de regarnir le porte-monnaie des Français. Peser sur les négociations annuelles obligatoires, inciter les branches à relever leurs minima salariaux, proposer un partage en trois tiers de la valeur ajoutée… En vain.

Aujourd’hui, alors que les conflits salariaux se multiplient chez Toyota, Eiffage, Camaïeu ou Carrefour, dont plusieurs hypermarchés ont été bloqués début avril, le président de la République abat un nouveau joker. Une prime obligatoire qui profitera aux salariés des entreprises versant des dividendes en hausse à leurs actionnaires, mais dont les modalités restent à définir. Bien entendu, l’annonce d’un projet de loi ad hoc pour une mesure aussi circonstanciée a fait sortir de ses gonds le patronat, laissant les syndicats, par ailleurs, bien circonspects. Car cette nouvelle initiative leur a rappelé des précédents. Comme la loi sur le pouvoir d’achat du 31 janvier 2008 qui ouvrait la possibilité aux PME de moins de 50 personnes, non soumises au versement de la participation, d’octroyer avant le 30 juin de la même année une prime de 1 000 euros, exonérée de cotisations sociales. Inutile de préciser que bien peu des salariés concernés ont vu la couleur de cette gratification estivale, qui nécessitait la conclusion d’un accord d’entreprise.

Il faut dire qu’en matière de rémunérations le politique est souvent le conseilleur, rarement le payeur. Les deux seuls leviers réellement à sa disposition n’ont pas été actionnés, à dessein, par les gouvernements Fillon. Quels sont-ils ? Le smic, qui concerne 10 % des salariés, soit 2,3 millions d’individus, et auquel l’État peut toujours donner un coup de pouce, ce qu’il s’est bien gardé de faire afin de préserver la compétitivité des entreprises françaises. Et le point d’indice des quelque 5 millions de fonctionnaires, qui sera gelé en 2012 comme en 2011 afin de contenir les dépenses publiques. Tout le reste n’est que du vent et effet de manches.

Force est de constater que le locataire de l’Élysée envoie un bien mauvais signal aux salariés, en leur faisant croire qu’une intervention présidentielle pourrait améliorer leur ordinaire. En définitive, le seul résultat tangible que Nicolas Sarkozy a obtenu, c’est avec le déblocage de la participation, qu’il a activé lorsqu’il était ministre des Finances, en 2004. Puis, en 2008, à concurrence de 10 000 euros, avant que le principe d’un déblocage annuel mais fiscalisé soit adopté. Reste que, dans ce cas de figure, il n’est plus question de gain de pouvoir d’achat. Mais de libération de l’épargne déjà acquise par les salariés !

Auteur

  • Jean-Paul Coulange