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Tableau de bord

ZOOM En vingt ans, l’Unedic s’est adapté à la récurrence du chômage

Tableau de bord | publié le : 01.03.2011 | Pierre-David Labani

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Chômeurs non indemnisés (en %)

Crédit photo Pierre-David Labani

La convention actuelle d’assurance chômage arrive à échéance fin mars. Sa renégociation s’effectue dans un contexte économique et financier difficile, peu propice à des innovations majeures. Le déficit de l’Unedic devraitêtrede1,8milliard d’euros cette année, pour une dette cumulée de 11 milliards.

Dans ce contexte, le Conseil d’analyse stratégique (CAS) s’est livré à une intéressante comparaison du système français d’assurance chômage avec ceux des pays de l’OCDE. Il en ressort plusieurs spécificités : un mode de gouvernance paritaire « atypique »; un taux global de cotisation élevé ; un haut niveau de remplacement du revenu en début de période, suivi d’un fort « décrochage » au bout de vingt-quatre mois (certains pays privilégient la stabilité sur cinq ans du taux de remplacement) ; enfin, notre système est marqué par son caractère assurantiel qui limite ses capacités redistributives. Dans les trente dernières années, le régime d’assurance chômage français a également connu de fortes inflexions de sa politique d’indemnisation. Après avoir été allongées avec la montée du chômage, les durées d’indemnisation ont été fortement réduites à partir des années 90. En contrepartie, l’accès à l’indemnisation a été facilité, en réduisant la durée d’affiliation nécessaire. Le périmètre de l’assurance s’est déplacé du chômage long vers le chômage récurrent. Résultat, si plus de salariés sont éligibles à l’assurance chômage, la réduction des durées d’indemnisation a transféré la prise en charge du chômage de longue durée vers les collectivités publiques et les revenus minimaux garantis. En novembre 2010, 40 % des chômeurs n’étaient indemnisés en France ni par l’assurance chômage ni par l’allocation spécifique de solidarité (ASS).

Chômeurs non indemnisés (en %)
L’intérim, premier pourvoyeur d’emplois

L’économie française peine à créer des emplois stables. Du moins en 2010. Selon la Dares, l’emploi salarié dans les secteurs marchands a progressé de près de 110 000 postes (+ 0,7 %), après une année noire en 2009. Mais la quasi-totalité (103 000 emplois) correspond à des postes d’intérimaires. Pôle emploi dénombre ainsi 659 400 intérimaires fin 2010, soit une progression de 20 % des effectifs en intérim en un an. Hors intérim, comptabilisé traditionnellement dans les services, les secteurs de l’industrie et de la construction ont supprimé respectivement 67 500 et 9 800 postes l’an passé. Le tertiaire, toujours hors intérim, n’aura créé que 84 200 postes en un an. L’Insee ne prévoit pas à court terme de changement de tendance : 50 000 emplois marchands seraient créés au premier semestre 2011, avec toute fois un ralentissement de l’intérim (+ 10 000 postes seulement).

Nombre d’intérimaires en fin d’année (en milliers)
L’accès à l’emploi moins aisé pour les enfants d’immigrés

Selon l’Insee, sur la base des résultats de l’enquête Emploi de 2005 à 2008, les Français ayant au moins un parent immigré originaire du Maghreb ont un taux d’emploi inférieur de 18 points et des salaires de 13,4 % plus bas que ceux dont les deux parents sont nés français. Cet écart salarial s’explique en totalité par les caractéristiques individuelles des personnes composant les deux populations comparées, note l’Insee : niveau d’éducation, expériences de travail, situation familiale, lieu de résidence, etc. Ce n’est pas le cas, en revanche, de l’écart de taux d’emploi, pour lequel seuls 4 des 18 points d’écart initial sont liés aux caractéristiques individuelles. Le reste de l’écart s’expliquerait par des choix individuels (continuer ou non ses études, par exemple), mais il pourrait aussi refléter des pratiques de discrimination à l’embauche mises en évidence par la méthode du testing.

Proportion en emploi, selon l’origine des parents (en %)

Auteur

  • Pierre-David Labani