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Politique sociale

Tout sourit aux BDI et BDA

Politique sociale | publié le : 01.03.2011 | Thomas Schnee

Rarement le patronat allemand, représenté par la Fédération des employeurs allemands (BDA), qui négocie les accords collectifs, et la Fédération des industries allemandes (BDI), pilotée par Hans-Peter Keitel, lobby des grands industriels, ne s’est porté aussi bien. Leurs entreprises ont su profiter de l’amélioration de la conjoncture internationale et affichent des résultats florissants. Et, d’un point de vue politique, le bilan de la dernière décennie est très satisfaisant. L’implantation des réseaux d’influence allemands en Europe a été optimale. Bon nombre des 15 000 à 20 000 lobbyistes qui travaillent à Bruxelles défendent les intérêts de l’économie allemande. Quant aux présidences qui comptent, celles de Business Europe, l’organisation faîtière des fédérations patronales européennes, du puissant Cefic (industriels de la chimie) ou de l’Acea (constructeurs automobiles), elles sont occupées par des Allemands.

À l’échelon national, les positions patronales ont aussi largement progressé. Au début des années 2000, les effets de la mondialisation et de l’intégration européenne, mais aussi le poids du chômage de masse, ont placé le gouvernement fédéral en position de faiblesse. De Schröder à Merkel, il a opté pour la dérégulation et la flexibilisation du marché du travail. Les syndicats, fragilisés par les mutations industrielles et les délocalisations, se sont repliés sur la sécurité de l’emploi : « Si l’on étudie les accords collectifs des dix dernières années, nous nous trouvons en présence d’un pacte pour l’emploi non officiel passé entre patrons et syndicats », estime Hagen Lesch, chercheur à l’Institut de l’économie allemande à Cologne. Cette coopération a culminé lors de la dernière crise avec le choix commun de recourir massivement au chômage partiel afin de maintenir l’emploi. Ce qui a permis aux entreprises de mieux redémarrer en 2010 : « La lutte commune contre la crise est la preuve qu’une nouvelle culture de la coopération s’est établie entre les partenaires sociaux, et c’est pour cela que je suis certain que, cette année aussi, ils seront capables de conclure des accords collectifs flexibles, différenciés et alignés sur l’évolution de la productivité », se félicitait Dieter Hundt, président de la BDA, le 28 janvier.

En 2011, celui-ci se battra pour des hausses de salaire modérées, un recours accru à une main-d’œuvre étrangère qualifiée et même pour un salaire minimum dans l’intérim. Mais son grand combat sera le rétablissement de l’« unité tarifaire ». Ce principe – « une entreprise, un syndicat, un accord collectif » – était la règle générale jusqu’à ce que, début 2010, le Tribunal fédéral constitutionnel en décide autrement et autorise la concurrence d’accords collectifs au sein d’une entreprise. Depuis, les organisations patronales travaillent main dans la main avec les grands syndicats de salariés pour que le gouvernement rétablisse ce principe par la loi. Personne n’a envie que de jeunes organisations sectorielles, jugées trop corporatistes et agressives, viennent bousculer, comme on l’a vu dans le secteur postal ou l’intérim, les monopoles existants.

Auteur

  • Thomas Schnee