Pour ne pas manquer le virage vers l’e-learning, les entreprises du secteur, appuyées par la Fondation Prospective et Innovation que préside Jean-Pierre Raffarin, ont décidé de faire entendre leur voix.
Si l’on en croit l’étude menée par le cabinet Féfaur en 2010, la France est en retard en matière d’e-learning. Les montants que les entreprises y consacrent sont trois fois moins élevés qu’outre-Manche. En cause : le fort attachement des salariés aux formations présentielles, mais aussi le conservatisme du corps professoral. Et l’Europe n’est guère plus avancée. Si la somme de 5,5 milliards d’euros consacrée à la formation continue et à l’enseignement supérieur en e-learning devrait doubler d’ici à cinq ans, elle n’est, aux yeux de la Fondation Prospective et Innovation, pas à la mesure de ses ambitions. « Le développement de l’e-learning revêt un triple enjeu, souligne le professeur Jean-Pierre Boisivon, administrateur de la fondation. Tout d’abord, avec l’accroissement de la population, l’accès à l’enseignement supérieur ne pourra plus se faire dans les formes traditionnelles. Ainsi, dans trente ans, l’Inde comptera 200 millions d’étudiants de plus. On ne pourra pas déplacer tout le monde ! Ensuite, c’est un enjeu démocratique puisque l’e-learning permet de réduire de moitié les coûts d’accès aux formations supérieures. Enfin, c’est un enjeu culturel, car l’accès à un même savoir permet aux étudiants d’acquérir une culture commune, ce qui, jusqu’à présent, n’est pas le cas en Europe. » Or cette évolution vers la digitalisation des formations est, selon lui, inexorable et bénéfique. « À l’avenir, les professeurs devront se concentrer sur la transmission des savoirs, cœur de leur métier. Les cours seront préparés à distance et le temps de classe sera un temps de structuration de la pensée. Cette division du travail sera beaucoup plus productive », estime Jean-Pierre Boisivon.
Un point de vue que partage CrossKnowledge, l’un des plus importants organismes de formation professionnelle en e-learning en France : « Alors que l’on rebat les cartes du monde académique, du côté des entreprises, la conversion vers l’e-learning s’accélère. Pour des raisons de coût et aussi de rapidité. En effet, la formation à distance ne nécessite ni groupe, ni logistique, ni salle. Et, pour les entreprises internationales, elle permet un accès à la formation partout dans le monde », relève Steve Fiehl, directeur associé de cet organisme.
À charge donc pour les éditeurs de cours en ligne de concevoir des contenus attirants et valorisants afin d’achever de convaincre les universités et les entreprises françaises de franchir le pas.