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Idées

Avec Ubu à la frontière romano-hongroise

Idées | Culture | publié le : 01.02.2011 | A.F.

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Avec Ubu à la frontière romano-hongroise

Crédit photo A.F.

Avec Morgen, Marian Crisan signe un film émouvant sur l’immigration clandestine, primé à Locarno.

Connaissez-vous Salonta ? Probablement pas. C’est une commune roumaine de 18 000 habitants réputée pour ses salamis, qui a surtout la particularité de se trouver aux portes de la Hongrie. Et d’être devenue, depuis 2007, une frontière intérieure à l’Europe traversée par un flot ininterrompu d’immigrés en route vers l’Ouest. Mais, après Morgen, vous vous souviendrez de son atmosphère improbable. Le réalisateur, Marian Crisan, (qui y est né) en fait le théâtre d’une comédie dramatique, plus ubuesque que larmoyante, sur l’immigration clandestine. À travers l’amitié entre un pêcheur roumain et un immigrant turc, abandonné par les passeurs. Sur un coup de tête, le taiseux Nelu – gardien de supérette – décide d’héberger cet étranger en mauvaise posture et de lui faire passer la frontière. Un pacte signé dans une langue que ni l’un ni l’autre ne possède : l’allemand. Morgen ? (« demain »), interroge l’immigrant. « Morgen ! » rétorque Nelu, qui ne sait comment faire, et va petit à petit intégrer cet imprévu de taille à son quotidien et à la communauté de Salonta. Refus de traduire les propos turcs pour marquer la frontière langagière, succession de plans-séquences : Marian Crisan fait des choix radicaux que les interprétations réussies et la qualité de l’image aident à surmonter. Morgen n’en traîne pas moins un tantinet en longueur.

Morgen (1 h 40), film de Marian Crisan. Sortie le 2 février.

Auteur

  • A.F.