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Le journal des ressources humaines

L’intérim en danger ?

Le journal des ressources humaines | Conseil | publié le : 01.01.2011 | E. B.

Faible reprise, baisse des allégements de charges sur les bas salaires et augmentation des impôts locaux. L’année 2011 s’annonce plutôt mal pour les entreprises de travail temporaire, explique Arnaud de la Tour, président du Prisme et P-DG du groupe Minerve.

La reprise a-t-elle permis de rattraper le manque d’activité généré par la crise ?

Non. La situation s’est améliorée, mais la crise avait amputé l’activité de l’intérim de 26 % de nos effectifs, soit 157 000 équivalents temps plein, et nous n’en avons retrouvé que 14 % dans les onze premiers mois de 2010. De plus, le redé­marrage de l’activité dépend des secteurs. Il est nettement plus lent dans le tertiaire, notamment les services.

Comme beaucoup d’entreprises, les entreprises de travail temporaire vont subir une hausse des impôts locaux due à la suppression de la taxe professionnelle…

Le remplacement de cette taxe par la contribution économi­que territoriale va multiplier par sept, en moyenne, le poids de la fiscalité locale pour les ­entreprises. Le gouvernement a prévu d’étaler cette hausse sur ? cinq ans. Nous avions demandé huit, mais nous n’avons pas été entendus.

Jusqu’à quel point êtes-vous touchés également par la réforme du mode de calcul des allégements de cotisation sociale sur les bas salaires ?

En effet, cette réforme entraîne une baisse des allégements de 9 % en moyenne pour les entreprises de travail temporaire. Mais vu la structure des salaires dans l’intérim et de la durée des contrats, nous allons subir une baisse de 22 % des allégements de charges, alors même que nous bénéficions d’une majoration de 10 % des allégements.

Quelles peuvent être les conséquences pour l’activité de votre secteur ?

Je crains que cela n’aboutisse à une réduction du nombre de missions, car au total on peut estimer à 3 % ou 4 % l’augmentation du coût du travail ré­percutée sur les entreprises clientes. Le Credoc a estimé la perte d’emplois pour notre industrie à 5 000 équivalents temps plein. Par ailleurs, nous assurons 200 000 actions de formation par an à destination des intérimaires. Il est probable que nous serons obligés de ­réduire notre investissement dans ce domaine.

Avez-vous fait part au gouvernement de vos difficultés ?

Nous avons fourni toutes les informations nécessaires. En précisant que, depuis un an et demi, 180 entreprises d’intérim ont disparu et que près de 600 agences locales ont fermé. Mais j’ai le sentiment que le gouvernement avait un besoin urgent de trouver des ressources pour financer les retraites.

Auteur

  • E. B.