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Éditorial

Croissance molle rime avec emploi atone

Éditorial | publié le : 01.01.2011 | Jean-Paul Coulange

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Croissance molle rime avec emploi atone

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Autour de 2 % selon les pronostics optimistes de Bercy, 1,6 % d’après les calculs de l’Insee : les prévisions de croissance pour 2011 ne sont guère rassurantes. L’économie française devrait, grosso modo, progresser au même rythme qu’en 2010, c’est-à-dire deux fois moins qu’en Allemagne dans la même période. Avec, en outre, plusieurs points d’interrogation sur les investis­sements des entreprises ou la consommation des ménages. Dans ce domaine, il faudra faire sans la prime à la casse automobile, disparue fin 2010, et les exonérations fiscales liées aux intérêts d’emprunt immobilier, rabotées dans le budget 2011. D’autant que les salaires devraient augmenter avec modé­ration. À l’instar du smic qui va être revalorisé, le 1er janvier, de 17 euros. L’équivalent d’une dizaine de litres d’essence…

Si l’on se fie au bilan de l’année écoulée, il ne faudra pas attendre de miracles sur le front de l’emploi. En 2010, 100 000 emplois auront été créés dans l’Hexagone, alors qu’en septembre on en escomptait 65 000. Cette embellie incontestable n’aura pas eu d’effet notoire sur le chômage. Si la croissance est du même acabit en 2011 et que la barre des 100 000 emplois créés est de nouveau atteinte, la courbe du chômage sera tangente à la ligne des 9 %. Mais cela n’aura pas d’impact majeur sur les files d’attente à Pôle emploi. Car, s’il est bien un axiome vérifié dans toutes les économies du monde, c’est qu’une croissance molle est pauvre en emplois. L’économiste américain Nouriel Roubini rappelait récemment qu’il fallait 2,5 % de croissance, outre-Atlantique, pour procurer un job à tous les jeunes qui se présentent sur le marché du travail, sans que cela réduise pour autant le nombre de chômeurs. En France, avec moins de 2 points de croissance, le chômage reflue, mais dans des proportions très modestes.

D’autant qu’il reste une inconnue de taille : obnubilé par le niveau alarmant de notre endettement et par l’état calamiteux des comptes publics, l’exécutif s’est fixé l’objectif de ramener le déficit budgétaire à 6 % en 2011 et à 3 % en 2013. En poursuivant la réduction des effectifs de fonctionnaires, en supprimant quelques niches fiscales et en se procurant des recettes supplémentaires, Bercy est parvenu à boucler l’exercice 2011 sans trop d’encombre. Mais il sera difficile de réitérer la main de fer dans un gant de velours.

Le risque bien connu des plans de rigueur est de brider la croissance. Laboratoire du libéralisme, l’OCDE vient de mettre en garde les dirigeants européens contre les dangers de mesures trop draconiennes de réduction des déficits. Elle met, à juste titre, l’accent sur la nécessaire gestion des crises. Et la politique de l’emploi est l’un de ces instruments de pilotage. On verra ce qui ressort de la mobilisation annoncée en faveur des jeunes. Mais il faut aussi régler le sort des chômeurs de longue durée et de tous les autres. Vu ce que prédisent les conjoncturistes et au su des moyens disponibles, cela ressemble fort à la quadrature du cercle.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange