Ennemi déclaré du « consensus mou », Jean-Paul Delevoye, 63 ans, n’a même pas eu à attendre son élection à la tête du Conseil économique, social et environnemental, le 16 novembre, pour être servi. Car la bataille pour les places d’honneur au Palais-d’Iéna a été rude. En campagne depuis des mois pour la présidence du Cese, le numéro un d’alors de la Mutualité française, Jean-Pierre Davant, a jeté l’éponge quelques heures avant le scrutin, en dénonçant la « politisation extrême » du Conseil et son « instrumentalisation » par l’Élysée. Des critiques relayées par le cégétiste Thierry Lepaon ou la cédétisteAnousheh Karvar, furieux que l’exécutif ait placé, parmi les 40 personnalités qualifiées, de fidèles serviteurs du sarkozysme, tels Pierre Charon ou Raymond Soubie. « Je n’étaiscandidat à rien. On est venu me chercher. Lepremier à m’avoir parlé de laprésidence du Cese, c’est Jean-Claude Mailly », répond l’intéressé. Finalement, les bisbilles ont fait des dégâts : Raymond Soubie a été très mal élu au bureau et il a fallu créer une sixième vice-présidence pour repêcher le cégétiste Pierre-Jean Rozet, recalé. Ambiance…
Des péripéties sans lendemain, promet le successeur de Jacques Dermagne, entièrement focalisé sur le renouveau de l’institution. « On a cinq ans pour prouver que le Cese est utile. Sinon, il faut le supprimer ! » assène celui qui cumule pour quelques semaines encore ses nouvelles fonctions avec celles de médiateur de la République. Priorité de ce gaulliste social : refaire du Cese un lieu de production intellectuelle à même de nourrir le débat public et d’éclairer les décideurs politiques. Il y a urgence. Chaque année, la maison n’est sollicitée par le gouvernement qu’une ou deux fois. L’an dernier, la seule saisine du Premier ministre portait sur un sujet plus technique que politique : la « certification des entreprises dans le domaine de la santé »…
Le nouveau patron promet de rompre avec cette fâcheuse habitude qui consiste à empiler les rapports – « le sport au service de la vie sociale », « de l’assiette aux champs », « seniors et cités » – pour occuper les troupes. En persuadant le Premier ministre et les parlementaires d’utiliser son assemblée pour débroussailler les sujets difficiles, tels la réforme de la fiscalité, le financement de la dépendance ou la compétitivité franco-allemande. Ambition supplémentaire, faire du Cese une « maison du citoyen » accueillant colloques, événements festifs ou promotionnels. Un sacré défi pour l’institution, réputée pour ses salles vides, ses procédures tatillonnes et son fonctionnement suranné.
Président du Cese.
DEPUIS 1982
Maire de Bapaume (Pas-de-Calais).
1986-1988
Député RPR.
1992-2002
Sénateur, président de l’Association des maires de France.
2002-2004
Ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’État.
2004-2010
Médiateur de la République.