Le 41^e congrès des Cheminots CGT réservera une surprise à l’observateur non averti. Pour la première fois de son histoire, la CGT de la SNCF s’apprête à élire un secrétaire général issu des cadres et non de l’« exécution ». Mais motus. Malgré son adoubement par le conseil national de la fédération en juin, Gilbert Garrel n’est pour le moment que secrétaire général de l’UFCM CGT et secrétaire fédéral des Cheminots CGT. Didier Le Reste, le très autoritaire patron sortant, profite du mouvement social de protestation contre la réforme des retraites pour s’offrir le départ en fanfare dont il rêvait en avril dernier, lorsque la grève initiée par la CGT s’est heurtée à un refus ferme de négocier quoi que ce soit de la part de la direction générale de la SNCF. En attendant son tour, Gilbert Garrel évite soigneusement de se mettre en avant, pour ne pas créer de tensions internes avant même de prendre les rênes. « La succession ne sera pas simple, affirme un observateur à la SNCF. Il devra piloter à vue car la fédération CGT est écartelée entre une aile dure, très puissante, et une aile réformiste qui espère des changements. »

Face aux défis à venir, Gilbert Garrel, tel Janus, pourra prendre deux visages opposés. Ses interlocuteurs le qualifient d’homme de dossiers, discret et charmant, pragmatique et constructif, arrivant avec des propositions concrètes. Pour ajouter tout de suite que ses interventions sont pugnaces et souvent agressives. « Il monte en puissance depuis trois ans. S’il gueule fort, c’est pour se positionner en interne », ajoutent-ils. Dans les autres syndicats, on souhaite une évolution. « Sa méthode sera différente de celle de son prédécesseur. Il est plus abordable et nous pourrons débattre sans être considérés comme des traîtres à la classe ouvrière en cas de désaccord », espère un ancien de la CGT passé dans un syndicat concurrent. Voire, estime un autre syndicaliste. « Il vient de Marseille, dont le climat est très combatif. La seule différence avec Le Reste, c’est qu’il écoute d’abord. Mais on sent que l’énervement monte très vite. »

Début octobre, lors de la présentation d’une vidéo réservée aux représentants syndicaux, Gilbert Garrel a traité son DRH de « suppôt du capitalisme », d’après un syndicaliste témoin de la scène. L’intéressé refuse de commenter cette péripétie et la direction, de son côté, fait dire qu’elle entretient des relations cordiales et spontanées avec le futur leader des cheminots cégétistes. L’avenir dira lequel des deux visages de Gilbert Garrel prendra le pas sur l’autre.

51 ans.

Secrétaire fédéral de la Fédération des cheminots CGT.

DÉCEMBRE 2007

Élu secrétaire général de l’UFCM CGT.

NOVEMBRE 2010

Le 41^e congrès fédéral, qui aura lieu du 23 au 26 novembre à Reims, doit élire Gilbert Garrel à la tête de la Fédération CGT des cheminots.