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Politique sociale

L’Europe contaminée par la rigueur

Politique sociale | publié le : 01.10.2010 | Sandrine Foulon

De gauche ou de droite, les gouvernements de l’UE jouent la partition de l’austérité. Si leur cible privilégiée est l’emploi public, retraités, salariés fragiles et chômeurs ne sont pas épargnés.

Ils devaient être 100 000 à défiler dans les rues de Bruxelles le 29 septembre. Et des milliers dans des villes d’Italie, d’Espagne, de Pologne, de Lettonie… Des travailleurs européens qui ont répondu à l’appel de la Confédération européenne des syndicats (CES), pourtant peu coutumière de ces grandes journées de mobilisation. Sous la bannière « No to austerity. Priority for jobs and growth ! », John Monks, le secrétaire général de la CES, espère que cette euromanifestation pèsera sur les gouvernements européens.

Fonctionnaires à la diète. Pour autant, le rouleau compresseur est déjà bien lancé. Et c’est la Grèce qui a enclenché la première vitesse. Le 6 mai, le gouvernement Papandréou a adopté un plan de rigueur sans précédent. Premiers visés : les fonctionnaires. Leurs salaires ont été amputés de 15 % en moyenne, et le niveau de leurs pensions de 7 %. Les conditions de départ à la retraite ont été durcies. Les femmes doivent désormais attendre 65 ans, comme les hommes, et non plus 60 ans pour quitter le service public. En Roumanie, même topo. Salaires et retraites des agents de l’État ont été réduits de 25 % et 15 %. Au Royaume-Uni, au Portugal et en Espagne (voir ci-contre), les fonctionnaires sont aussi les grands perdants de ces régimes drastiques. La France, qui a encore du mal à assumer le terme même de rigueur, s’en tient pour l’heure à un gel des salaires des fonctionnaires en 2011 et maintient le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite. « Les pays qui avaient des amortisseurs sociaux ont d’abord joué sur le volant de précaires, d’intérimaires, pour atténuer les effets de la crise. C’est le cas en Espagne où, pendant des années, 60 % des contrats de travail étaient à durée déterminée. Mais aujourd’hui, après deux années de marasme, la marge de manœuvre des gouvernements s’est réduite. Ils n’ont plus qu’une échappatoire : l’emploi public, analyse Marie-Ange Moreau, professeure de droit social à l’Institut universitaire européen de Florence. Et, par un puissant effet de mimétisme, les pays appliquent les mêmes recettes, poursuit-elle. Le discours sur la flexibilité porté par la commission Barroso est triomphant. Avec une grande hypocrisie sur la flexisécurité. L’expérimenter dans les pays comme le Danemark ou les Pays-Bas où des garanties existent est une chose, la transposer dans des États, tels la Roumanie, où les droits sociaux sont différents en est une autre. »

Car, si les fonctionnaires sont en première ligne, les plus fragilisés, et notamment les demandeurs d’emploi, ne sont guère à la fête. En Allemagne, des allocations versées aux chômeurs ont été supprimées. En Espagne, le gouvernement veut raccourcir de quatre-vingt-dix à trente jours le délai pendant lequel un chômeur peut refuser des offres d’emploi et de formation. Au-delà, il ne percevra plus d’indemnités. Le modèle social européen est attaqué sur tous les fronts. Tour d’horizon.

Auteur

  • Sandrine Foulon