Dans ce compte rendu d’un colloque organisé par un think tank français, Xerfi, la toute-puissance acquise au cours des dernières années par la logique financière au détriment de l’emploi a été mise en exergue, alors que la priorité est bien de relocaliser les emplois sur le territoire national. Jean-Hervé Lorenzi rappelle que « la puissance économique d’un pays repose largement sur l’industrie, soit 15 % de la valeur ajoutée, 80 % des exportations, ou encore 85 à 90 % des efforts de recherche et développement ». Louis Gallois, le président d’EADS, plaide pour « une ambition industrielle assortie d’une dynamique sociale ». Animateur du Xerfi, Laurent Faibis dresse le catalogue des « impasses de la France »: « Entre 2000 et 2008, la France a perdu chaque année 2 % de ses emplois industriels. » Pour lui, le modèle de croissance hexagonal s’est construit sur la consommation et le soutien aux grands groupes du CAC 40, en sacrifiant le commerce extérieur et les entreprises indépendantes. Directeur d’études du Xerfi, Alexandre Mirlicourtois tente de déterminer les secteurs qui, dans le futur , seront le rebond de l’emploi et de l’économie. L’expert établit une typologie de quatre secteurs moteurs pour l’économie : les professions « en déclin », les secteurs « menacés ou attaqués », les secteurs « protégés » et les secteurs qualifiés d’« offensifs ». Les débatteurs recensent nos grandes filières à succès : aéronautique-aérospatial, nucléaire, pharmaceutique, défense… Tous partisans d’une politique industrielle volontariste, ils souhaitent un engagement de l’État derrière son industrie, et une réconciliation entre cette dernière et la finance. Malheureusement, ils sont à court de moyens pour les forcer à s’entendre.

Finance, emploi, relocalisations, sous la direction de Laurent Faibis, avec la collaboration de Jean-Michel Quatrepoint. Éditions Previsis. 200 pages, 22 euros.