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Idées

Rentrée chaude ou résignée ?

Idées | Bloc-Notes | publié le : 01.09.2010 | Rose-Marie Van Lerberghe

INCANTATIONS DES ANNONCES

La rentrée sociale sera-t-elle chaude ? À cette question qui revient traditionnellement chaque été, les syndicats dans les entreprises promettent que oui, après des négociations salariales où ils se sont pliés à des hausses modestes, renvoyant à la rentrée de septembre l’expression d’une insatisfaction croissante des salariés qu’ils dénoncent mais qu’ils se sentent pourtant impuissants à mobiliser du fait d’une résignation collective. Ils espèrent que la réforme des retraites leur donnera l’occasion de fédérer les mécontentements.

À la même question les commentateurs répondent plutôt non, constatant que la morosité ambiante, l’insatisfaction latente ne se cristallisent pas en mouvement collectif.

PRUDENCE DU GOUVERNEMENT

Mais le gouvernement, lui, paraît répondre plutôt par l’affirmative, si on en juge par les diversions sécuritaires et aussi le soin mis à repérer et à apaiser toutes les possibles sources de mécontentement. C’est ainsi que la ministre de la Santé a reporté sine die le décret imposant la fermeture des petits plateaux techniques hospitaliers n’effectuant pas un minimum d’actes chirurgicaux par an. Pourtant on sait, et cela est démontré par des études scientifiques internationales, que seule la répétition des mêmes actes chirurgicaux est une condition de leur succès. Mais c’est l’Association des petites villes de France, très attachée à la proximité et surtout aux emplois hospitaliers, qui a fait reculer le gouvernement. Madame Bachelot a annoncé qu’elle allait lancer une vaste opération de concertation sur le sujet. Elle a tout à fait raison. Il faut toujours chercher à obtenir l’adhésion. Dans cet esprit, je me permets de lui faire une suggestion : les édiles locaux opposés à la fermeture de leurs hôpitaux devraient s’engager à s’y faire soigner ainsi que leur famille, manifestant ainsi leur confiance dans les équipements qu’ils veulent maintenir.

LES RISQUES SONT PEUT-ÊTRE AILLEURS

Sur les retraites, il me paraît aujourd’hui peu probable que les syndicats puissent mobiliser largement et durablement, car l’opinion, soigneusement préparée, a globalement admis que le vieillissement de la population imposait des mesures de recul de l’âge de départ. Et on devine que le gouvernement a gardé en réserve quelques billes sur la pénibilité pour apaiser les organisations syndicales.

Ce n’est donc pas la réforme des retraites en tant que telle qui devrait inquiéter le gouvernement, mais l’occasion qu’elle donne de déclencher des mouvements divers d’exaspération, voire de désespoir. Les Français comprennent bien que la situation économique, et notamment le déficit des finances publiques, va leur imposer des mesures de rigueur, même si le mot est devenu tabou. Dans ce contexte des plus délicats, l’affaire Bettencourt, où les cadeaux divers et variés se chiffrent en millions d’euros, ne fait qu’accentuer l’incompréhension et le sentiment d’injustice. C’est probablement cela qui justifie l’extrême prudence du gouvernement.

Auteur

  • Rose-Marie Van Lerberghe