Éric Woerth, le ministre du Travail, a confirmé les orientations de la réforme des services de santé au travail (SST), qui devrait faire l’objet d’un projet de loi d’ici à la fin de l’année. Outre la définition des missions des SST et la création d’un suivi médical « individuel adapté » à certaines catégories de travailleurs mal couvertes (employés à domicile, intérimaires), la réforme devrait avaliser la mise en place d’équipes pluridisciplinaires en santé et travail. Pour le gouvernement, cette mesure est l’une des façons de remédier à la pénurie annoncée de médecins du travail : 50 % d’entre eux sont en effet âgés de plus de 55 ans. Éric Woerth a indiqué vouloir s’appuyer sur les propositions formulées par Christian Dellacherie, du Cese, Paul Frimat, professeur de médecine du travail, et Gilles Leclercq, médecin-conseil de l’ACMS. Pour garantir la pluridisciplinarité des équipes, les trois experts préconisent la création d’un master santé-travail. Ils suggèrent la rédaction de chartes de coopération afin de « clarifier les responsabilités » entre les médecins et les autres acteurs des SST. Alors que les infirmières du travail sont appelées à jouer un rôle plus important, ils proposent de garantir leur indépendance par l’attribution du statut de salarié protégé. Ils sont aussi favorables à la délégation de certains actes paramédicaux aux secrétaires médicales.

Pour accroître l’attractivité de la médecine du travail, le rapport recommande de renforcer les prérogatives des praticiens, notamment en obligeant les employeurs à motiver par écrit les raisons de leur non-prise en considération de leurs préconisations en cas de risque patent. Enfin, le rapport insiste sur l’urgence d’une reconversion en médecine du travail ouverte aux généralistes. Celle-ci pourrait s’opérer par l’obtention d’un diplôme d’études spécialisées complémentaires effectuées en formation continue.