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Idées

L’exigence de solidarité

Idées | Livres | publié le : 01.06.2010 | Jean Mercier

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L’exigence de solidarité

Crédit photo Jean Mercier

Nous n’avons pas encore pris la mesure de la crise que nous venons de traverser : telle est la conviction de Jean-Baptiste de Foucauld, l’ancien commissaire au Plan. Notre monde est confronté aujourd’hui, selon ce proche de Jacques Delors, à cinq crises : celle du sens, car l’économie qui en tenait lieu a montré ses limites, une crise sociale, une troisième écologique, la crise financière, bien sûr, et celle qui en découle, la crise économique. Une nouvelle forme de solidarité doit être mise en place qui, d’après lui, « passe désormais par la résorption des désirs exagérés, c’est-à-dire par une frugalité assumée, partagée, équitable ». Il nous invite donc à réfléchir à l’évolution de notre modèle de redistribution. Foucauld distingue les besoins matériels qui ne se suffisent pas à eux-mêmes, les besoins relationnels, que l’on a trop tendance à sacrifier dans nos sociétés d’hyperproductivisme, enfin, les besoins spirituels. « Un travail dans lequel on est vraiment soi-même, dans lequel on a trouvé sa vocation, observe l’auteur, est un travail dans lequel il y a à la fois du temps productif, du temps relationnel et du temps spirituel. » Mais notre société se caractérise plutôt par un clivage croissant entre ces temps différents. Combattre à la fois le trop-plein et la pauvreté, le surinvestissement économique et l’exclusion sociale, ce serait l’objectif visé par une politique d’« abondance frugale ». Mais celle-ci est-elle possible Jean-Baptiste de Foucauld imagine plusieurs stades. Il s’agit d’abord de « civiliser le capitalisme » en promouvant un développement « plus sobre, plus régulier, moins contraint, moins manipulé » et en reprenant la main sur le système financier. Une bonne façon de creuser le sillon pour un autre modèle lui paraît être d’encourager le secteur social et solidaire, qui pèse déjà 10 % des emplois dans notre économie. L’autre obstacle à franchir est celui du retour au plein-emploi. Parmi les nouveaux outils qu’il propose figure le « droit au réseau ». « Aujourd’hui chaque ménage paie au moins 500 euros par an pour être simplement raccordé aux réseaux indispensables à la vie moderne ; ne serait-il pas plus logique et plus juste qu’une cotisation de 1,5 % du revenu finance pour chacun son droit à être raccordé au réseau ? » C’est sans doute la limite du projet de l’auteur : son abondance frugale suppose un « niveau d’imposition élevé » qu’il chiffre à cinq points de PIB ! En ces temps où la dette va nous imposer une longue frugalité, voilà bien une gageure.

L’Abondance frugale. Pour une nouvelle solidarité, Jean-Baptiste de Foucauld.

Éditions Odile Jacob. 276 pages, 23 euros.

Auteur

  • Jean Mercier