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Le stratège des insurgés de Fralib

Actu | Eux | publié le : 01.06.2010 | Éric Béal

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Le stratège des insurgés de Fralib

Crédit photo Éric Béal

Nous avons voté à l’unanimité la poursuite du bras de fer engagé depuis cinquante-huit jours sur les salaires et la dignité, sous d’autres formes à l’intérieur de l’entreprise. Hasta la victoria, siempre ! » Mardi 4 mai, c’est par ce communiqué quasi révolutionnaire que la CGT et la CFE-CGC ont annoncé la fin d’un long conflit chez Fralib Gémenos, filiale d’Unilever France. Une grève totale avec confrontations tendues entre salariés grévistes et gendarmes, et occupation des locaux de ce producteur de sachets de thé de la marque Lipton Éléphant. Dont seul le médiateur désigné par la préfecture a permis de trouver l’issue.

« Le mouvement a été collectif du début à la fin. Nous étions 107 le 8 mars et encore 103 à reprendre le travail le 5 mai. Sur un total de 183 salariés », précise Gérard Cazorla, secrétaire CGT du comité d’entreprise depuis vingt ans, secrétaire du CE grouped’Unilever France et membre du comité européen. Si les 200 euros d’augmentation générale demandés n’ont pas été accordés, les grévistes ont obtenu, en revanche, le paiement des jours de grève sous la forme d’une prime de 1 200 euros… également versée aux non-grévistes, un abondement de 250 euros sur l’intéressement et une augmentation de la part patronale sur la mutuelle. Sans compter la titularisation de quatre intérimaires et la réintégration dans leurs fonctions de quatre mécaniciens sur les douze qui avaient été rétrogradés.

Entré dans l’entreprise il y a trente ans, cet électromécanicien a une vision très politique de la situation. « La majorité des salariés ne se battaient pas pour l’augmentation de salaire. Ils n’en pouvaient plus du mépris de la direction et de la dégradation des conditions de travail. » Avec Olivier Leberquier, le délégué syndical CGT, ils sont convaincus que la direction a joué le pourrissement pour « casser le syndicat » à la faveur d’un débordement. Conscient de la confiance que les salariés lui accordent, ce fan de foot de 52 ans balaie les accusations de jusqu’au-boutisme bloquant toute évolution. « En 1989, lorsque les deux usines françaises ont été regroupées à Gémenos, il y avait 286 salariés, et le premier niveau de salaire était à 46 % au-dessus du smic. En vingt ans, une centaine d’emplois ont disparu et le salaire le plus bas est à peine plus haut que le smic aujourd’hui. » Parallèlement, la productivité a bondi et Unilever a créé une filiale en Suisse pour bénéficier d’une fiscalité plus avantageuse. La question d’une « plus juste répartition des richesses créées par les salariés » posée par les syndicats de Fralib est donc loin d’être réglée.

GÉRARD CAZORLA

Secrétaire CGT du CE de Fralib et du CE groupe d’Unilever France.

1981

Recruté chez Fralib.

1986

Première prise de responsabilité syndicale.

1990

Élu secrétaire du CE.

Auteur

  • Éric Béal