logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

Questions d’équité

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.05.2010 | Rose-Marie Van Lerberghe

Il est de plus en plus probable que, si sortie de crise il y a, ce sera avec une croissance modérée. Cela signifie que le chômage continuera à augmenter. Cela signifie aussi que les tensions sociales risquent d’enfler sur le thème « ce n’est pas à nous, qui n’en sommes pas responsables, de payer la facture de la crise ». Cette revendication d’équité s’exprime à l’intérieur des entreprises mais elle dominera également le débat qui va s’ouvrir sur les retraites.

ÉQUITÉ ENTRE RÉGIMES

Malgré les mesures récentes concernant les régimes spéciaux et celui de la fonction publique ils restent beaucoup plus avantageux, en particulier par le jeu des indexations. Le choix de confier à Éric Woerth le dossier de la réforme des retraites en lui laissant celui de la fonction publique permet d’espérer sinon un rapprochement, du moins la garantie que les deux dossiers seront examinés ensemble, même si les déclarations au plus haut niveau expriment la plus grande prudence vis-à-vis des règles de calcul des pensions, considérées comme un élément du statut des fonctionnaires.

ÉQUITÉ ENTRE CATÉGORIES SOCIALES

Quelles que soient les vertus des régimes fondés sur la solidarité, ils contiennent tous en germe des inégalités entre classes sociales du fait de la différence d’espérance de vie. Les ouvriers, qui commencent à travailler très tôt, financent en partie la retraite des cadres qui profitent plus longtemps de leur retraite du fait d’une espérance de vie en moyenne beaucoup plus élevée. Des inégalités pointées par le débat sur la pénibilité, débat légitime mais à peu près impossible à résoudre. D’abord parce que les carrières sont complexes et, surtout, parce que la pénibilité est très difficile à définir objectivement. Certes, le travail posté est pénible, mais celui de l’enseignant confronté à des classes difficiles, celui de l’infirmière face à la maladie, la mort, travaillant la nuit ne sont-ils pas pénibles ? Aujourd’hui, le stress a pris la suite de l’effort physique. Il est donc indispensable de tenir compte de la pénibilité mais impossible de la prendre en compte en termes généraux et catégoriels. Seule issue : un régime d’invalidité rénové avec une approche personnalisée, sur des critères médicaux.

ÉQUITÉ ENTRE GÉNÉRATIONS

Les Français semblent opposés au recul de l’âge légal de départ à la retraite autant qu’à la baisse des pensions. Sauf à trouver un financement du côté des transactions financières, la seule solution serait donc d’augmenter les cotisations. On ferait alors peser un poids supplémentaire sur les jeunes générations qui doutent aujourd’hui de pouvoir jamais profiter elles-mêmes d’une couverture retraite satisfaisante. Il reste des petites retraites, mais la moyenne des pensions liquidées par le régime général continue d’augmenter, ce qui traduit une amélioration de la situation des baby-boomers arrivant à l’âge de la retraite. Des générations beaucoup moins touchées par le chômage et la précarité que les jeunes d’aujourd’hui. D’ailleurs, les transferts de ces générations au bénéfice de leurs enfants sont très importants. Sauf que tous les jeunes n’ont pas des parents qui ont les moyens de les aider. Et la question se pose de savoir s’il ne vaudrait pas mieux alléger les charges qui pèsent sur eux plutôt que de les augmenter pour permettre à leurs parents et grands-parents de continuer à les aider !

Auteur

  • Rose-Marie Van Lerberghe