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Une fonction RH diversement valorisée

Dossier | publié le : 01.05.2010 | G. D.

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Une fonction RH diversement valorisée

Crédit photo G. D.

Mieux vaut travailler dans un grand groupe, à Paris, et dans un secteur porteur… Car si les postes de responsables RH restent bien rémunérés, ils sont moins valorisés que ceux de directeurs financiers ou de dircom, davantage générateurs de cash.

Indispensable », « incontournable », « créatrice de valeurs », « business partner »… N’en jetez plus, car on finirait par manquer de qualificatifs ! La fonction RH est formidable. C’est dit et redit. Partout ou presque. Elle n’a jamais été autant valorisée… Même et surtout en temps de crise. On ne fera pas l’injure de demander leur avis aux chargés de recrutement et autres directeurs du développement victimes de plans sociaux. Mais il convient de vérifier si valorisation rime avec rémunération. Or, lorsqu’il s’agit de faire résonner cette douce mélodie en espèces sonnantes et trébuchantes, les entreprises ont tendance à jouer mezza voce.

Réalisée en 2008 par le cabinet Hewitt pour le magazine Entreprise et carrières, une étude consacrée aux salaires de la fonction RH avait mis en lumière ce décalage en comparant notamment la rémunération médiane annuelle de cinq postes de direction (DG, DAF, directeur juridique, dircom et DRH). Avec un salaire médian de 111 430 euros par an, les DRH étaient les moins bien payés. Loin du directeur de la communication, par exemple, avec 127 114 euros annuels. Révélateur ?

En marge de l’enquête, Hewitt reconnaissait bien volontiers que le choix d’une « médiane » avait tendance à lisser les résultats en écartant les rémunérations les plus élevées. Exit, donc, les salaires des DRH de grands groupes cotés dont les fixes dépassent allégrement les 180 000 euros annuels, auxquels s’ajoute une part variable oscillant entre 10 et 30 %, comme le soulignait une étude de Michael Page diffusée en 2009. Une population rare, convoitée et étroitement associée à la stratégie des groupes et que l’« on ne rate pas pour un problème de rémunération », résume Jean-Pierre Catu, chasseur de têtes associé chez Spencer Stuart, chargé de la practice RH. Une population rare, en effet. Une élite dans l’élite du top management finalement très représentative… d’elle-même. Même si, à l’évidence, il est de toute façon « compliqué de parler de la fonction RH de manière homogène. Elle recouvre tellement de réalités différentes, notamment en raison de la diversité des entreprises », note Thierry Teboul, directeur régional adjoint du groupe IGS (Institut de gestion sociale), spécialisé dans les formations RH.

Réalités variées. Paris versus province, PME contre grands groupes, comp and ben ou responsable formation, riche secteur pharmaceutique ou secteur industriel fragile… La fonction RH évolue selon des réalités variées, avec des rémunérations qui le sont tout autant. Ce que peinent parfois à saisir les diverses études salariales publiées ici et là. Quelques grandes tendances se font jour néanmoins. « À travail égal, salaire égal »: dans un secteur très féminisé, les différences salariales entre sexes existent par effet de structure mais, à poste égal, ne paraissent pas significatives. Idem entre les profils purement RH et les autres, ces opérationnels devenus DRH ou RRH au hasard de leur carrière. « Il y a des grilles de rémunérations. Surtout dans les grandes entreprises », fait-on valoir.

Le poids des représentations pèse en revanche sur le métier à l’intérieur même de l’entreprise. « Il ne faut jamais oublier d’où vient la fonction RH : de l’administratif. Sur le middle management, surtout, elle n’est pas considérée comme très stratégique », note Sébastien de Dianous, responsable de la division RH chez Michael Page. « Bien évidemment, la fonction RH n’est pas au niveau d’un directeur financier ou d’un ingénieur. Dans l’imaginaire collectif, elle n’est pas génératrice de cash », relève pour sa part Christophe Dulhoste, consultant senior pour le cabinet de recrutement Hays. Voilà pour l’imaginaire structurant… Pour ce qui est de la (dure) réalité, c’est-à-dire la crise, elle ne semble pas avoir affecté les rémunérations, même si aujourd’hui les responsables de ressources humaines se bousculent sur le marché de l’emploi. « Nous traitons un nombre important de CV. De l’ordre de 100 à 150 CV par poste », affirme Alain Gavand, patron du cabinet de recrutement éponyme. « Il y a aujourd’hui de bons profils sur le marché, alors qu’en 2008 [avant la crise, NDLR] on était plutôt en chasse », ajoute-t-il.

Essor de nouvelles fonctions. Très liés à la stratégie de l’entreprise, les postes de directeurs des relations sociales ou les comp and ben (pour compensation and benefits, soit les responsables des rémunérations et avantages sociaux) ont actuellement le vent en poupe. Avec un salaire parfois supérieur à celui d’un DRH, comme ce comp and ben récemment recruté pour une rémunération annuelle de 95 000 euros, auxquels s’ajoutent 20 % de bonus et une voiture de fonction. Experts et études soulignent également le « réel essor » des métiers du SIRH, en particulier les managers, « assez recherchés ». Selon une récente étude Hays-ANDRH-IGS, un responsable SIRH peut escompter un salaire entre 45 000 et 50 000 euros après trois à six ans d’expérience, entre 60 000 et 70 000 au bout de dix ans. Mais un manager SIRH chargé d’un gros projet peut facilement émarger à plus de 80 000 euros.

Chez les RRH, « le salaire est lié à la reconnaissance du patron », observe Marie-Claire Guichard, responsable RH dans une jeune entreprise lyonnaise de conseil en ingénierie en forte croissance. Vu son âge (27 ans) et l’intérêt qu’elle porte à ses missions, elle s’estime « satisfaite » d’un salaire annuel de 43 000 euros auquel s’ajoutent prime et participation. Une rémunération plus qu’honorable au regard des enquêtes salariales. Hewitt estime le salaire médian pour un junior en province à environ 30 000 euros. Hays avance des débuts de carrière entre 38 000 et 42 000 euros, puis une évolution allant jusqu’à 65 000 euros au bout d’une dizaine d’années. Mais, là encore, « la rémunération du responsable des ressources humaines dépend de l’effectif géré, de son périmètre d’intervention ainsi que du chiffre d’affaires réalisé par sa société ».

Cash machine. De fait, à fonction égale, la différence Paris/province est toujours « très importante ». « Jusqu’à 10 000 euros sur le middle management », témoigne Sébastien de Dianous. Mieux vaut aussi travailler dans des secteurs où on brasse du cash, comme disent les financiers : télécommunications, haute technologie, grande consommation, pharmacie. « Dans l’industrie pharmaceutique, les salaires, qui étaient depuis longtemps supérieurs à la moyenne, amorcent une décroissance pour se situer à ce jour entre 15 et 20 % au-dessus du marché », remarque Marie-Claude Ballandras, ex-DRH chez Lundbeck. Une décroissance toute relative.

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  • G. D.