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La Halde perd sa forte tête

Actu | Eux | publié le : 01.05.2010 | Anne Fairise

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La Halde perd sa forte tête

Crédit photo Anne Fairise

Ni une femme d’ouverture ni un élément du « corps français traditionnel », comme le réclamait le chef de file de l’UMP au Sénat Gérard Longuet : la nomination de Jeannette Bougrab à la présidence de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) n’est pas passée inaperçue. En choisissant cette juriste membre de l’UMP depuis 2002, Nicolas Sarkozy a mis fin à la politique d’ouverture et aux espoirs de Malek Boutih. Sans céder aux exigences de Gérard Longuet. Si Jeannette Bougrab a connu les ors de la République – juriste au Conseil constitutionnel puis au Conseil d’État –, elle est « née berrichonne de parents harkis » et fille d’ouvrier. De sa fratrie de quatre, elle est la seule à avoir fait des études et connaît le délit de faciès. L’anecdote – une secrétaire du Conseil d’État la prenant pour une stagiaire – a fait le tour de la presse. De quoi inspirer l’auteure d’un rapport pour l’UMP sur les discriminations dans l’accès à l’emploi.

Sans nul doute, l’arrivée de Jeannette Bougrab dans le fauteuil de Louis Schweitzer signe une nouvelle ère pour l’institution indépendante, devenue emblématique depuis sa création en 2004 pour avoir fait émerger une jurisprudence contre les discriminations et réussi à exister (10 500 réclamations en 2009). Sous l’influence de l’ex-P-DG de Renault, elle a bousculé les entreprises sur la création du CV anonyme, tancé gouvernement et Parlement sur des dispositions jugées discriminatoires, s’est même exprimée après le Conseil constitutionnel (dans l’affaire des tests ADN sur les immigrés). Des années révolues. « Sous Schweitzer, la Halde outrepassait son rôle », lâche l’entourage de la nouvelle présidente. « Elle aura les mains moins libres que Louis Schweitzer. À 67 ans, sa carrière était faite. À 36 ans, Jeannette Bougrab construit ses réseaux », déplore-t-on en interne.

Les déclarations de la nouvelle présidente dessinent déjà une méthode Schweitzer à contre-emploi. Le rôle d’alerte ? Elle le voit dans le cadre de la préparation de loi, pas dans l’expression « sur les décisions du Conseil constitutionnel ». Son prédécesseur réclamait un droit de visite inopiné dans les entreprises ? Elle y est défavorable, partisane d’une pacification des relations avec celles-ci. Il exigeait plus de sous ? « Si vous me donnez moins de moyens, je n’en demanderai pas plus », a-t-elle déclaré aux Assemblées. Son ambition : transmettre plus de dossiers au parquet (12 en 2009) et éviter toute instrumentalisation. Jeannette Bougrab a beau défendre mordicus la nécessité d’une institution dédiée à la lutte contre les discriminations, la décision ne lui appartient pas. L’Élysée réfléchit à une possible intégration de la Halde dans le giron du nouveau « défenseur des droits », dont le périmètre va être examiné au Sénat. La Halde devrait être fixée sur son sort fin mai. La porte est décidément étroite pour Jeannette Bougrab.

JEANNETTE BOUGRAB

36 ans. Présidente de la Halde.

2002

Juriste au Conseil constitutionnel, secrétaire nationale à l’UMP.

2007

Maître des requêtes au Conseil d’État.

2009

Présidente du conseil d’administration de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances.

Auteur

  • Anne Fairise