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Enquête

“L’équilibre de nos finances publiques dépend de notre capacité à réduire les effectifs”

Enquête | publié le : 01.03.2010 | S.C.

Officiellement, la très barbare et confidentielle révision générale des politiques publiques (RGPP) est présentée comme le moyen le plus efficace de lutter contre les mauvaises dépenses de l’État et, par effet domino, celles des collectivités territoriales. Officieusement, il s’agit d’en finir avec la loi sur la décentralisation portée par François Mitterrand en 1982. Nicolas Sarkozy affirme que l’État retrouvera son équilibre financier notamment par la réduction du nombre de fonctionnaires, la fusion des corps, la diminution des directions générales. Depuis son lancement officiel, le 10 juillet 2007, la RGPP s’est soldée par la destruction de 100 000 emplois dans la fonction publique. Une cure d’amincissement qui se poursuit en 2010 avec 34 000 autres suppressions, pour 68 500 retraités. Jamais, y compris pendant la crise, le gouvernement n’a renoncé à sa politique du non­remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Le projet de décret relatif à la réorientation professionnelle des fonctionnaires de l’État, qui prévoit la mise en disponibilité des agents sans travail ni salaire, voire leur licenciement s’ils refusent trois offres d’emploi, pourrait en outre contribuer à tailler encore dans les effectifs.

Cette année, les économies réalisées devraient s’élever à 500 millions d’euros. Si la somme annoncée donne le vertige, elle ne représente qu’une baisse du déficit de… 0,025 point selon des estimations de l’OFCE. Insuffisant pour espérer résorber les 138 milliards d’euros (8 % du PIB) qui grèvent le budget de l’État en 2010. Et ce grain de sable ne pallie pas le malaise de l’administration. Mais là n’est pas l’ambition première. Le chef de l’État assigne un plus grand dessein, inavoué, à la RGPP : refonder le modèle institutionnel français en jouant la carte du jacobinisme poussé à son paroxysme. « La RGPP est la grande réforme de Nicolas Sarkozy, beaucoup plus importante que la dernière réforme constitutionnelle. Par cette réforme, le président entend renforcer l’autorité hiérarchique qui pèse sur les fonctionnaires etrenforcerla divisionentrelepouvoir décisionnaire et l’exécution de celui-ci », confie Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS-Centre de recherches politiques de Sciences po (Cevipof).

À la différence de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy associe dans cette entreprise d’ampleur des consultants privés. « Le mode opératoire n’est pas sans rappeler celui utilisé par Margaret Thatcher dans les années 80 », souligne le politologue. Ainsi, le Boston Consulting Group a mis ses compétences au service du ministère de l’Écologie, Capgemini, Ineum et Mazars se sont rendus utiles auprès de Roselyne Bachelot, et Mars & Co a transmis d’innombrables rapports à Éric Besson concernant la manière de noter les performances de chaque ministère, rentabilité oblige. Le locataire de l’Élysée se targue d’œuvrer pour la bonne santé financière de l’État, et reste discret sur l’impact institutionnel de sa réforme.

La révision générale des politiques publiques (RGPP) : discrète mais révolutionnaire

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  • S.C.