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Enquête

“Je ne veux pas d’une France sans usine. Si les usines partaient, le reste partirait aussi”

Enquête | publié le : 01.03.2010 | A. F.

Pas question d’accepter la fermeture de la raffinerie Total à Dunkerque « tant qu’il n’y aura pas de garanties nécessaires sur la pérennité des quelque 800 emplois concernés ». Début février, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a donné de la voix contre le groupe pétrolier, déjà tancé en mars 2009, un mois après la présentation d’un profit record, pour avoir annoncé la restructuration de sa branche raffinage. L’anglo-indien ArcelorMittal pour la fermeture de l’aciérie de Gandrange, le tricolore Michelin pour celle de l’usine Kleber de Toul, l’américain Molex pour son opposition à la reprise de son usine de Villemur-sur-Tarn… Nombre d’entreprises ont goûté, depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, à son volontarisme industriel. Un des symboles de la rupture promise.

D’emblée, le président libéral a remis au goût du jour une politique interventionniste à laquelle même Lionel Jospin ne croyait plus, comme l’avait signifié sa déclaration « il ne faut pas tout attendre de l’État » à l’annonce, en 1999, de 7 500 suppressions d’emplois chez Michelin. Nicolas Sarkozy, lui, persiste à s’inscrire dans la tradition gaullienne d’un État stratège et a promis « une politique industrielle ». Une conviction née du sauvetage d’Alstom en 2004, quand il était ministre de l’Économie. Comme il le répète à l’envi, la prise de participation de l’État au capital du groupe, après d’âpres négociations avec les services bruxellois de la concurrence, lui a permis d’échapper à la faillite puis de contrer les ambitions de Siemens. Grand emprunt, création d’un fonds stratégique d’investissement pour muscler le capital des PME à potentiel de croissance et des filières d’avenir, disparition de la taxe professionnelle sur les investissements, soutien au secteur automobile lors de la crise, concertation sur le territoire lors des états généraux de l’industrie…, Nicolas Sarkozy a multiplié les actions. Au risque de la confusion pour nombre d’experts, qui pointent un État surtout pompier. « Il ne s’agit pas de privilégier tel ou tel secteur, tel ou tel bassin d’emploi, mais de définir une vision globale, note l’économiste Gilles Le Blanc. Il manque une parole politique pour expliquer la légitimité aujourd’hui d’une politique industrielle et déterminer les objectifs : accompagner les restructurations ou soutenir l’innovation ? Privilégier les entreprises travaillant à l’exportation ou sur le marché national ? Il ne sert à rien de multiplier les instruments s’ils ne sont pas mis en cohérence. »

Autant dire qu’est très attendue la présentation, fin février, en clôture des états généraux de l’industrie, des axes de la « nouvelle politique industrielle ». Chose certaine, le développement durable, via les prêts bonifiés pour les investissements verts, et le soutien à la relocalisation d’industries seront un axe fort. De quoi permettre à Nicolas Sarkozy d’enfiler enfin un costume d’architecte industriel ? Jusque-là, les effets de ses actions restent peu lisibles. Comme l’a prouvé le récent bras de fer entre le gouvernement et Renault, pourtant très aidé durant la crise, sur le lieu de production de la future Clio.

Pas de politique industrielle globale

Auteur

  • A. F.