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Vie des entreprises

La formation à distance en panne

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.04.2000 | Sandrine Pouverreau

Les initiatives se multiplient dans les entreprises, les organismes de formation ou les universités. Mais elles sont freinées par la législation.

À l'automne 2000, les agents de maîtrise qui le souhaitent vont pouvoir suivre la version française de la formation à distance au management dispensée depuis plus de trente ans par l'Open University Business School : « The Capable Manager ». Proposée par la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP), « elle combine différents types de pédagogie : travail à domicile à partir de livrets, séminaires en “présentiel” (face à face), tutorat via des cassettes et des CD-ROM, échanges d'e-mails avec les tuteurs ou les collègues… », explique Judith Bullerwell, chef du projet. Une formule qu'expérimentent déjà bon nombre d'organismes de formation (la Cegos, le groupe Demos ou le Centre de formation de la profession bancaire) et de grandes entreprises (Renault, Bull, EDF-GDF). La formule recueille également les faveurs de PME et d'agriculteurs.

« Ce type de formation est typiquement adapté à ces deux dernières populations, ajoute Jacques Bahry, président du Forum français pour la formation ouverte et à distance (Fffod) et du Cesi, car elle ne nécessite pas de locaux et permet de toucher un public éparpillé. C'est la vocation de la formation ouverte et à distance : répondre à des besoins individualisés fondés sur le principe du “juste-à-temps et du juste ce qu'il faut”. Et s'adresser à tous les publics à tout moment, dans les zones urbaines comme les zones rurales. » Dispositif hybride qui comprend le bon vieux cours par correspondance, mais aussi le coaching ou l'autoformation à domicile, la formation ouverte et à distance s'impose comme une voie d'avenir. D'autant qu'elle est aujourd'hui portée par le développement des technologies de l'information et de la communication.

Des freins réglementaires

« Néanmoins, les Français ne sont pas très en avance, constate Jacques Bahry. Les pays les plus en pointe dans le domaine sont ceux qui ont le plus développé leur réseau de télécommunications et dont l'équipement en micros dans les foyers est important. C'est le cas des pays scandinaves, du Royaume-Uni ou de l'Irlande. Ce sont, en outre, des pays où la culture de l'autoformation est prégnante. » Cet état d'esprit est encore peu répandu en France. « D'autant que la réglementation ne favorise pas le développement de la formation ouverte et à distance », précise Marie-Christine Soroko, déléguée générale de la Fédération de la formation professionnelle (FFP). Jusqu'à présent, la loi de 1971 sur la formation considérait qu'elle devait être effectuée durant les heures de travail. Celle sur les 35 heures constitue une ouverture puisque les salariés peuvent désormais se former hors temps de travail. Mais la formule est encore peu utilisée. « Les entreprises ne peuvent, en outre, imputer à leur budget que les stages effectués en face à face pédagogique, ajoute Marie-Christine Soroko. Cette notion n'a pas lieu d'être dans la formation à distance. »

À supposer que la réforme de la formation professionnelle, prévue en 2001, prenne en compte ces freins, un autre problème se posera : celui de la frontière entre formation et information. « Un technicien qui recherche les résultats d'expériences d'un laboratoire au Japon, il se forme ou il s'informe, interroge Jacques Bahry ? Pour les entreprises, notamment les plus petites aux moyens réduits, c'est important de savoir ce qu'elles doivent imputer à ce budget. »

Auteur

  • Sandrine Pouverreau