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Idées

Retraites et fins de droits : attention, danger !

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.02.2010 | Bernard Brunhes

LE PATRONAT EN PANNE SÈCHE

Les soubresauts du Medef – la démission du directeur général exécutif après d’autres départs tonitruants ou la sortie de l’Association nationale des industries alimentaires – ne peuvent être analysés comme de simples problèmes de personnes. Il est trop facile pour les uns de clouer Mme Parisot au pilori, pour les autres de crier au machisme. La situation est plus grave qu’une querelle de cet ordre. Le défunt CNPF avait, jusqu’à la démission de son président Jean Gandois en 1997, tenté de préserver les principes et les méthodes de concertation qui dataient des années 50. Le président Ernest-Antoine Seillière a bousculé les principes lorsqu’il a créé le Medef, en rejetant un passé fondé sur la négociation tripartite et la concertation avec les partenaires sociaux et l’État. Ces pratiques ne correspondaient plus à l’air du temps, au libéralisme installé, à l’attente des entrepreneurs. Le couple qu’il a formé avec Denis Kessler avait pourtant, par la « refondation sociale », essayé de rénover les relations du patronat avec les syndicats, et des partenaires sociaux avec l’État. Mais l’UIMM, alliée à une partie des syndicats, a eu la peau de ce projet et de son promoteur. On attend encore, des années plus tard, ce qui va remplir ce vide. Certes, le patronat négocie beaucoup, souvent, mais des accords mineurs, peu innovants, la plupart du temps sur la défensive et sous la pression de l’État. Nul ne connaît les orientations ou la stratégie sociale du Medef. Il est temps, en ces périodes de crise, qu’il les exprime.

LES SYNDICATS EN COURS DE DÉPANNAGE

Les syndicats sont pour d’autres raisons en difficulté. La nouvelle législation sur la représentativité, même si on la trouve judicieuse (ce qui est mon cas), mettra du temps à porter ses fruits. Pour le moment, elle oblige à des regroupements de syndicats inattendus ou incompris, elle crée des tensions, conduit les organisations à des positions défensives. La refondation nouvelle manière ne se fait pas sans accrocs. En outre, dans une période de crise économique grave et donc de chômage croissant, les syndicats ne sont pas dans une bonne posture pour mobiliser leurs troupes.

L’ÉTAT CONDUIT LA DÉPANNEUSE

Que se passe-t-il lorsque les partenaires sociaux sont affaiblis des deux côtés ? L’État reprend le rôle qu’il aime, à l’insu de son plein gré : il légifère et réglemente. Comme le volontarisme présidentiel ne peut pas se substituer aux acteurs, les interventions de l’État sont bureaucratiques, mises au point par des fonctionnaires surdoués mais peu familiers de la réalité de l’entreprise. Dans le ménage à trois de la concertation sociale, c’est toujours le fonctionnaire qui sort gagnant. Mais deux dossiers exceptionnels attendent le gouvernement de François Fillon : la réforme des retraites, sur laquelle les organisations syndicales montrent les dents, et le sort des centaines de milliers de chômeurs en fin de droits, objet d’un ping-pong encore théorique entre l’État et les partenaires sociaux. Patronat et syndicats, malgré leur méforme, doivent prendre leurs responsabilités.

Auteur

  • Bernard Brunhes