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Métropoles

La métropole dope la création d’emplois

Métropoles | publié le : 01.01.2010 | Philippe Allienne

Nouvelles zones de développement économique, soutien aux PMI : la communauté urbaine mobilise ses moyens pour attirer les entreprises.

Actuellement, explique Marie-Dominique Lacoste, directrice générale de la Maison de l’emploi de Lille, nous accompagnons les recrutements de Casino Barrière (150 emplois) et de B’Twin Oxylane (40 emplois). » Lancée en 2007, la MDE de Lille intègre les deux communes associées Hellemmes et Lomme, ainsi que celle d’Armentières. Au terme de sa deuxième année d’exercice, elle avait accompagné 408 entreprises lors de leurs recrutements et ramené un millier de personnes à l’emploi. L’objectif : faire bénéficier les chômeurs des opportunités induites par les implantations ou le développement d’entreprises sur le territoire. Exemple, lorsque Bayer Schering Pharma implante son siège social à Lille, dans le parc Eurasanté (350 emplois), la MDE travaille en lien avec Pôle emploi pendant toute la phase de recrutement.

Un projet comme le complexe Hôtel Casino Barrière, dont l’implantation a été défendue bec et ongles par Martine Aubry (maire de Lille et, aujourd’hui, présidente de la communauté urbaine), vise 320 à 350 emplois dès la première année. La crise n’a pas impressionné le groupe français qui, en attendant l’ouverture du complexe, a érigé en début d’année un casino temporaire (avec 120 salariés) à Euralille.

UN GRAND PROJET SUR L’ANCIEN SITE D’ALTADIS

Autre projet cher à Martine Aubry, B’Twin Oxylane (ex-Décathlon). Dès juin 2007, aux côtés du directeur général Yves Claude, elle annonçait le déblocage d’une enveloppe de 35 millions d’euros pour le lancement du B’Twin Village sur le site abandonné par le cigarettier Altadis avec, en vitesse de croisière, la création de 500 emplois. Ce projet, prévu sur 184 000 mètres carrés, porte notamment sur une usine d’assemblage de vélos, un centre de recherche et développement et un showroom de 5000 mètres carrés. L’ouverture, en première phase, est prévue pour 2010.

Déjà, les marques du groupe Oxylane se déploient au sein de la métropole : le spécialiste du golf Inesis s’installe à Marcq-en-Barœul, où il a créé 50 emplois, non loin de Domyos, professionnel du fitness arrivé en 2008. Kipsta doit, quant à lui, s’implanter à Tourcoing, sur la zone de l’Union.

Localisée à la frontière de Roubaix, Tourcoing et Wattrelos (le versant nord-est de la métropole lilloise), cette zone a été conçue pour accueillir un projet de développement économique de grande ampleur. Soutenu par Lille Métropole Communauté urbaine (LMCU), il réunit un pôle image et culture qui emploie 500 personnes (la télévision locale sur TNT Grand Lille TV vient d’y être inaugurée) et le futur Centre européen des textiles innovants (Ceti).

UN NOUVEAU DISPOSITIF POUR LES PMI

Maire de Tourcoing et vice-président de la communauté urbaine, Michel-François Delannoy observe cette zone avec attention. Pas question, pour lui, que la construction des bâtiments prenne du retard. « Nous devons être en mesure de répondre aux demandes d’implantation », note-t-il. Parmi les plus fragilisées par la crise, les petites et moyennes industries sont surveillées comme le lait sur le feu. En novembre, la communauté urbaine a lancé un dispositif expérimental de soutien doté de 2 millions d’euros. Sont potentiellement concernées 7 500 PMI. Pour bénéficier d’une aide, elles devront s’engager à investir 300 000 euros au moins surtroisans.Maisellesnesont désormais plus tenues, pour obtenir des subsides, de créer des emplois.

PIERRE DE SAINTIGNON, premier adjoint de la mairie de Lille et vice-président de la Région, chargé du développement économique et de l’emploi.
« Nos PME résistent mieux qu’ailleurs »

Comment la métropole lilloise a-t-elle été touchée par la crise ?

Tous les secteurs ont souffert : l’industrie textile, la vente à distance, qui est confrontée aux mutations technologiques, la grande distribution, qui a subi la baisse du pouvoir d’achat. Nous avons beaucoup craint pour l’économie lilloise. Car elle est faite de PME sous-capitalisées, n’ayant pas assez investi dans la recherche. Finalement elles résistent mieux qu’en Ile-de-France ou à Lyon, grâce aux actions économiques lancées de longue date et renforcées dans la crise. La résistance s’opère bien. Même si le taux de chômage de la métropole a fortement progressé en un an, pour s’établir à 11,9 %. Presque 3 points au-dessus de la moyenne nationale.

Avez-vous craint des dérapages sociaux ?

Non. Et nous le devons d’abord aux chefs d’entreprise. Si le modèle nordiste de capitalisme avait présidé le monde, la crise n’aurait pas eu lieu. Notre capitalisme est économique, et non pas financier. Son challenge est de réinvestir des fonds dans l’entreprise. Cette stratégie a joué un rôle d’amortisseur. Et tous les syndicats, patronaux et de salariés, ont eu une attitude exceptionnelle. Unanimes à signer le pacte territorial de continuité professionnelle, impliqués sur tous les sujets. Si le climat social est calme, nous le leur devons.

Quelles actions ont été lancées pour amortir la crise ?

Essentiellement du soutien aux PME. Dès octobre 2008, le plan régional de développement « 2 000 PME » a été complété par un volet défensif. Les procédures de financement régional, qui exigent des contreparties en matière d’emplois, ont été assouplies, surtout dans les services à l’industrie. Pour soutenir les finances des entreprises, la Région a mis en place des mécanismes de surgarantie des prêts bancaires et a agi sur la consolidation financière. Deux millions d’euros ont été investis. Elle a aussi mobilisé le plan de soutien à l’innovation, à hauteur de 20 millions d’euros, pour aider les PME à potentiel. Et Lille Métropole a renforcé l’offre de foncier économique pour créer des pôles d’activité. Tout cela a soutenu le moral et l’économique. Lille est, en 2009, la première ville française en création d’entreprises, hors autoentrepreneuriat.

La ville a-t-elle montré l’exemple en recrutant ?

Nous avons privilégié les investissements, à hauteur de 120 millions d’euros, pour accompagner la relance économique.

Propos recueillis par A. F.

Auteur

  • Philippe Allienne