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Idées

Les réformes, à temps et à contretemps

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.01.2010 | Rose-Marie Van Lerberghe

RECUL DE L’ÂGE DE LA RETRAITE DANS LES RÉGIMES SPÉCIAUX

Un certain nombre de mesures, dont beaucoup sont parfaitement justifiées mais qui ont été décidées avant la crise, vont s’appliquer en ce début d’année… C’est-à-dire au plus mauvais moment pour beaucoup d’entreprises. La réforme des régimes spéciaux,lancée en début de mandat présidentiel, a eu pour objectif de supprimer une inégalité particulièrement choquante en alignant l’âge de départ à la retraite des cheminots, des agents d’EDF ou de ceux de la RATP sur celui du régime général. Sauf que, dans le monde de l’aérien, dramatiquement touché par la crise, le départ à 65 ans des pilotes qui décrochaient jusqu’alors à 60 ans et surtout celui des personnels navigants techniques qui cessaient leur activité à 55 ans interviennent on ne peut plus inopportunément. Air France, qui a mis en place un plan de départs volontaires, sera acculé à reconstituer des mesures d’âge pour éviter un plan social.

LES MESURES POUR L’EMPLOI DES SENIORS

Notre pays, drogué aux préretraites pendant des années, a un taux d’emploi des seniors significativement plus bas que celui des autres pays développés. Simultanément, le taux de chômage des jeunes est plus élevé en France qu’ailleurs, ce qui suffirait à ruiner l’idée pourtant ancrée dans les esprits que les départs en préretraite permettraient de faciliter l’insertion des jeunes. Le gouvernement a donc multiplié les mesures en faveur des seniors. Certaines n’ont eu qu’un effet dérisoire : il y a aujourd’hui moins de 100 CDD seniors sur tout le territoire. D’autres interviennent à contretemps dans le contexte actuel de crise : à partir de cette année, les mises à la retraite d’office ne seront plus possibles. Cette mesure, supposée permettre l’allongement de la vie au travail, intervenant dans le contexte dégradé que nous connaissons aujourd’hui, risque de n’avoir pour seul effet que d’inciter les cadres, notamment, à monnayer chèrement leur départ. L’hypocrisie des pouvoirs publics atteint ici des sommets puisque l’État lui-même se garde bien de reculer l’âge limite de départ de ses propres fonctionnaires dont il attend l’essentiel des économies dans les dépenses publiques grâce à leur non-remplacement.

MISE EN PLACE DE PÔLE EMPLOI

La fusion de l’ANPE et de l’Unedic, qui faisait l’objet de nombreux rapports depuis trente ans, a aussi été décidée avant la crise. Pôle emploi doit affronter aujourd’hui un afflux considérable de chômeurs. La réforme du RSA, intervenue plus récemment, a encore accru cette charge dans des proportions considérables puisqu’un grand nombre de titulaires de minima sociaux, jusqu’alors suivis par les conseils généraux, sont dirigés dorénavant vers Pôle emploi. Ce déferlement brutal et massif rend très difficile le suivi mensuel personnalisé, qui constitue le cœur de son offre de services, car chaque conseiller se voit attribuer un « portefeuille » de demandeurs d’emploi qui a presque doublé soudainement. Si les réformes requièrent du temps pour être mises en œuvre, elles risquent aussi d’être compromises par un mauvais timing.

Auteur

  • Rose-Marie Van Lerberghe