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Idées

Éloge du bel ouvrage

Idées | Livres | publié le : 01.01.2010 |

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Éloge du bel ouvrage

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Auteur du célèbre Travail sans qualités, l’ouvrage de référence sur la condition du travailleur de l’ère postindustrielle, le sociologue Richard Sennett élargit sa réflexion sur le rapport de l’homme au travail et à la technique, nous annonçant un triptyque sur « la culture matérielle ». En voici le premier volet, consacré à « la culture de l’artisanat », qui se veut une étude sur le métier. Par métier, le professeur de la London School of Economics entend « un élan humain élémentaire et durable, le désir de bien faire son travail en soi ». Une notion qui n’est pas évidente. « La civilisation occidentale a eu le plus grand mal à établir des liens entre la tête et les mains, à reconnaître et à encourager l’impulsion du métier. » Naviguant entre la Grèce d’Héphaïstos, le communisme soviétique, les théories japonaises de la « qualité totale » ou l’économie des nouvelles technologies, l’auteur montre que ces recettes ne sont pas si faciles que cela à mettre en œuvre. Il faut attendre la seconde partie du livre pour entrer dans la réflexion proprement dite sur le métier. Au départ, celui-ci est fondé sur l’idée d’unité entre la tête et la main. Mais il se manifeste et s’exprime aussi à travers des outils. Sennett oppose l’artisan à l’expert moderne qui privilégie l’utilisation de bonnes pratiques au détriment de l’appartenance à une communauté. Or, pour notre essayiste, la passion du bon travail trouve en partie sa motivation dans l’organisation sociale. Il soutient que « le problème de la motivation importe davantage que le talent dans le travail artisanal le plus accompli ». Cette réflexion sur le savoir-faire et la fierté au travail surprendra bien des lecteurs habituels de cet observateur critique du nouveau capitalisme. Mais cette méditation sur le « bel ouvrage » en est un.

Ce que sait la main. La culture de l’artisanat, Richard Sennett. Éditions Albin Michel. 300 pages, 23 euros.