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Enquête

À chacun sa stratégie pour affronter la tempête

Enquête | publié le : 01.01.2010 | Stéphane Béchaux, Anne-Cécile Geoffroy, Sabine Germain

La débâcle des dix-huit derniers mois oblige les salariés à repenser leur rapport au travail et à l’entreprise. Certains s’enterrent, d’autres se retirent, d’autres encore changent de vie… Revue de détail des postures qui émergent du paysage.

“Je résiste sans me mettre en danger”

Et si on envahissait l’A86 ? » Sur le site Alcatel-Lucent de Vélizy (Yvelines), au bord du superpériphérique parisien, le désespoir le dispute à la colère. Au point que des salariés jusqu’alors fort discrets se découvrent une âme de bloqueurs d’autoroute. « Depuis l’explosion de la bulle Internet, on collectionne les plans de départs volontaires. Maintenant, on en est aux licenciements contraints. Certains salariés n’en peuvent plus. Ils passent d’un extrême à l’autre, de la léthargie à l’envie d’actions radicales », constate le cédétiste Lubiku Miankeba. Des coups de sang sans suite, canalisés par des syndicats par ailleurs démunis. Interpellés sans cesse, consultés souvent, ces derniers peinent à fédérer les mécontentements. « Les salariés ont peur de se retrouver au chômage, ils se cachent sous leur bureau. Si on lançait une grève ou un blocage, ils ne bougeraient pas. Sauf en cas de fermeture de leur site », déplore un délégué syndical de Thomson.

Dans l’ex-fleuron de l’électronique, la résistance se fait souterraine. Courriers anonymes, documents confidentiels « oubliés » sur les photocopieuses… Dans l’ombre, des dirigeants écœurés alimentent l’intersyndicale, qui a saisi cet automne le procureur de la République pour dénoncer de possibles manipulations comptables. À la Sgam, la filiale de gestion d’actifs de la Société générale, pas davantage de mobilisation malgré la restructuration totale de l’activité. Mais un vote massif, à plus de 60 %, en faveur de… la CGT lors des élections professionnelles de juin. Un acte symbolique fort, mais vain. Cet automne, la France n’a d’ailleurs connu ni séquestrations de patrons ni grèves d’ampleur. L’envie d’en découdre reste tapie. Cet été, un salarié sur quatre avouait « avoir parfois envie d’être violent avec son supérieur hiérarchique ou son patron », selon l’enquête de Sociovision.

Trop risquée, la contestation publique en période de crise ! La résistance s’organise donc à l’échelle individuelle, sans dire son nom. Antoine, chef de projet informatique dans une SSII, fait ainsi le tri entre les directives de sa hiérarchie, selon leur degré de pertinence. « Les demandes stupides, je ne les répercute pas auprès de mes équipes. Ou je les applique de travers, ou à moitié. Souvent, ça marche », témoigne-t-il. Une façon de s’assurer le soutien de ses troupes, et de trouver du sens à son travail. Dans les entreprises accros aux tableaux de bord, la pratique est courante. « Beaucoup de cadres trichent sur le reporting et sur leurs objectifs pour ne pas remettre trop en cause leur travail et celui de leur équipe », assure le consultant et chercheur Francis Ginsbourger. Disparu, le gentil cadre, courroie de transmission indéfectible des ordres venus d’en haut…

Conflits de loyauté. Gare, enfin, aux décalages entre les discours et les actes ! « En période de crise, beaucoup d’entreprises se renient. La dissociation entre les valeurs affichées et les pratiques réelles contribue à mettre le feu au lac », prévient le sociologue Jean-Claude Thoenig, coauteur de Quand les cadres se rebellent (éd. Vuibert). « Les gens aspirent à être loyaux à l’égard de leur entreprise, de leurs clients et de leurs propres valeurs. Les conflits entre ces trois dimensions s’avèrent très durs à gérer. Ils sont à l’origine des pétages de plombs », abonde Ariane Bilheran, consultante et docteur en psychopathologie. À l’origine, aussi, des détournements de procédure. Tel ce technicien d’un service après-vente qui n’hésite pas à donner à ses clients des petites pièces qu’il devrait facturer. « La boîte affiche la satisfaction des clients comme valeur suprême mais n’arrête pas de les flouer. À mon niveau, je rétablis l’équilibre », confie-t-il. Plus facile, le matin, de se regarder dans la glace…S. B.

“Je fais le strict minimum”

Des cadres qui partent à l’heure, refusent des réunions et se concentrent sur leur famille ! Aux centres techniques Renault de Rueil-Malmaison et de Lardy, en région parisienne, le désengagement gagne les troupes. « Certains salariés sont complètement démotivés, constate Franck Daout, délégué syndical CFDT. Ils estiment que la direction navigue à vue et n’ont plus confiance. Nous sommes au chômage partiel depuis des mois. On commence à nous annoncer que 2010 sera identique. Difficile de se mobiliser. » Un désengagement alimenté aussi par l’hémorragie des équipes. Chômage partiel à perte de vue, départs en cascade, désorganisation du travail pour les « rescapés », valse des managers…

Le mauvais scénario de l’année 2009 nourrit le décrochage. Certains salariés n’hésitent pas à revenir au « contrat de base » avec leur employeur. Dans sa dernière enquête, Sociovision estimait qu’un cinquième à un tiers des salariés étaient dans des postures de désinvestissement. Une proportion qui pourrait s’accentuer, sur le mode du « à quoi bon se défoncer Je ne comprends pas où va mon entreprise ». La stratégie est d’autant plus tentante dans les grands groupes qu’il est plus facile de s’y faire oublier. Qui plus est quand on bosse face à un ordinateur et qu’on peut avoir l’air de travailler intensément tout en surfant sur le Net. « Le désengagement, la non-implication affective dans le travail sont invisibles pour les entreprises », souligne Claude Fabre, chercheur au Centre de recherche en gestion des organisations (Crego) de l’université Montpellier II. « Les sociétés sont en train de fabriquer une génération d’à-quoi-bonistes, estime pour sa part Pierre-Éric Sutter, président de la société Mars-Lab, spécialisée dans le management de la performance sociale. Les dirigeants mesurent le climat social pour s’assurer que les salariés ne sont pas dans l’opposition. Ils ne s’intéressent absolument pas au moral des survivants qui ont vu leurs collègues se faire licencier. »

Des salariés décomplexés. Et quand le présentéisme n’est pas possible, c’est l’absentéisme qui prend le relais. Jeanne a choisi cette stratégie pour souffler de temps à autre. Elle travaille à Nouvelles Frontières, qui a bouclé cette année un plan social au siège de Montreuil. « Pour le moment, nous ne sommes pas menacés. Mais l’activité n’est pas bonne. Le prochain plan social sera sans doute pour nous », explique la trentenaire. Quand on est vendeuse dans une agence du sud de la France, difficile de faire du présentéisme face aux clients ! « Alors dès qu’un petit rhume pointe son nez, hop ! je me fais arrêter », avoue-t-elle sans une once de culpabilité. « Traditionnellement, lorsque le chômage augmente, le taux d’absentéisme a tendance à diminuer, note Denis Monneuse, consultant à Entreprise & Personnel. Aujourd’hui, il stagne. Les salariés, surtout les moins de 35 ans, sont décomplexés vis-à-vis de leur employeur. Ils se comportent en consommateurs, d’autant plus s’il y a des licenciements. » Une distanciation que les entreprises pourraient payer le prix fort le jour où le marché du travail repartira.

Reste que ces stratégies de repli sont plus souvent subies que choisies. « Les salariés désengagés sont aussi ceux qui n’ont pas pu sortir de l’entreprise à l’occasion d’un PSE, parce que le risque était trop grand, ou su obtenir une promotion », estime Claude Fabre, au Crego. « La configuration professionnelle du cul-de-sac nourrit le désengagement et le mal-être », approuve Benoît Roederer, chez Sociovision. La dernière enquête de l’institut révélait que 48 % des 30-49 ans considéraient que, même s’ils le voulaient, il leur serait « impossible de trouver du travail ailleurs ». On peut s’attendre, à long terme, à de gros dégâts sur le plan de la santé. Pour Michel Niezborala, médecin du travail toulousain, « ces salariés fonctionnent un peu comme des robots. Très souvent ils n’expriment aucun problème, tout va toujours très bien lors des consultations. Ce déni est finalement très coûteux pour l’économie personnelle. L’individu s’use… silencieusement. »

A.-C. G.

Marie a pris la poudre d’escampette avant l’été, au plus fort de la crise, pour devenir traductrice, “un rêve de jeunesse”
“Je quitte ma boîte, la vie est ailleurs”

Marc, ingénieur chez Hewlett-Packard, a un rêve : emporter la mairie de sa commune aux prochaines élections de 2014. Thierry, lui, a réalisé le sien. Agent de production sur une chaîne de cartonnage pendant vingt ans, il a profité d’un PSE pour se réorienter vers le milieu médical. Une formation d’aide-soignant plus tard, il n’a eu aucun mal à trouver son premier poste dans une maison de retraite. Depuis quelques mois, ces exemples de reconversion se multiplient. Chez Schneider Electric, les projets de création de maison d’hôtes ont fleuri à l’occasion du récent plan. Aux usines PSA de Rennes, des ouvriers sont devenus boulangers, d’autres ont choisi les services à la personne pour démarrer une autre vie.

Des virages professionnels à 180 degrés souvent rendus possibles par de généreux plans sociaux ou de départs volontaires. Marc, le possible futur maire, fait partie de ceux-là. « J’ai déposé mon dossier en décembre. Je connaîtrai la décision fin février. » Dans sa stratégie huilée, l’ingénieur a tout prévu. « J’ai cherché un CDI afin que mon dossier soit retenu en priorité. C’est le premier critère pour être admissible aux départs volontaires. » À 56 ans, il a trouvé un mi-temps dans une entreprise de construction. « C’est parfait ! Entre le package proposé par H-P et ce mi-temps, je pourrai me consacrer à mon projet politique sans penser aux fins de mois. » Ces prises de risque, en pleine explosion du chômage, étonnent les représentants du personnel. Pierre Contesse, délégué syndical FO chez PSA à Rennes, en perd son latin ! « Avant l’été, j’aurai parié mon salaire que nous aurions du mal à trouver des volontaires. Lors des deux derniers plans, les candidats au départ ne s’étaient pas bousculés et nous n’étions pas en période de crise. Ce n’est plus le cas. Les salariés ne voient sans doute plus d’avenir dans l’automobile. » La crise alimente les envies d’ailleurs. Dans un sondage réalisé par Ipsos pour l’Afpa en avril dernier, 83 % des salariés envisageaient la reconversion professionnelle en cas de licenciement. Avec le secret espoir d’y gagner en conditions de travail (pour 54 %) ou encore en équilibre de vie (52 %). « Mais ces belles histoires ne concernent qu’une infime partie des licenciés dans ce pays, tient à rappeler Claude Fabre, chercheur au Crego. Ceux qui partent avec un package qui leur assure une assise financière. La plupart n’ont aucun filet de sécurité. »

Retrouver du sens. Marie a pris la poudre d’escampette avant l’été, au plus fort de la crise, pour devenir traductrice. « Un rêve de jeunesse. » Pas de PSE ni de gros chèque pour cette quadra. « J’ai profité de la rupture conventionnelle pour quitter mon employeur. J’ai pu négocier un petit quelque chose. Surtout, j’ai la couverture Assedic si ma petite entreprise démarre doucement. » Car cette secrétaire de direction a préféré l’autoentrepreneuriat au confort du salariat. « Quand je suis rentrée d’un congé individuel de formation, mon employeur m’a proposé un poste dans une filiale du groupe. Je perdais 30 % de ma rémunération et les jours de RTT. Ça m’a poussé à prendre ma décision. Quitte à perdre de l’argent, autant être maître de mon destin et vivre en cohérence avec moi-même. »

Pour Faouzi Bensebaa, chercheur en stratégie et management des organisations à l’université Paris XII, « les entreprises ne doivent plus seulement valoriser des stratégies de court terme. La crise a révélé les faiblesses de la seule recherche de la profitabilité financière. Les salariés attendent aujourd’hui autre chose. Ils veulent retrouver du sens et savoir pourquoi ils se lèvent le matin ». Sinon, ils iront voir ailleurs si l’herbe est plus verte.

A.-C. G

Responsable de la communication d’un cabinet de conseil, Isabelle a accepté un temps partiel, avec un salaire réduit à la clé
“Je m’accroche à tout prix”

Il y a cinq ans, après des années d’intérim, Éric Pihery a décroché un poste demoniteur dans les usines PSA de Rennes. Il n’est pas près de le lâcher : « La perspective de devoir accepter un poste d’opérateur – alors que j’en encadrais six – ou de perdre mon emploi m’a conduit à admettre un détachement de quatorze mois à Aulnay-sous-Bois, puis une mobilité à Sochaux. » Début novembre, il a donc déménagé à 800 kilomètres pour prendre son nouveau poste. Quitter sa Bretagne natale Ce trentenaire s’y est résigné parce qu’il ne pouvait pas faire autrement, mais aussi parce que sa compagne y a trouvé son compte. « J’espère que PSA saura reconnaître mes efforts pour accompagner sa logique de redéploiement. Mais rien ne l’assure », commente-t-il, lucide.

La reconnaissance Isabelle n’y pense même pas. Responsable de la communication d’un cabinet de conseil, elle a pourtant accepté, il y a tout juste un an, de passer à quatre cinquièmes et de voir son salaire réduit en conséquence. « Avec un mari intermittent du spectacle et deux adolescents à la maison, ce n’est pas franchement l’idéal. Mais je n’ai pas eu le choix : c’était ça ou un licenciement. Le pire, c’est que je ne suis même pas sûre d’échapper à la nouvelle vague de réduction d’effectifs que je sens venir. »

Son cas n’est pas isolé. En pleine explosion du chômage, les salariés ont plutôt tendance à baisser la tête pour sauver leur job. Surtout dans les entreprises où le rapport de force est difficile a établir. Une réduction de salaire de 5 % pendant trois mois ou la porte… C’est, en substance, la proposition que 150 cadres de Hertz ont reçue par fax un matin du mois d’avril. Avec une formule implacable : ceux qui ne renvoyaient pas le coupon exprimant leur refus étaient supposés avoir accepté. À l’heure où le groupe américain annonçait 4 000 suppressions d’emplois à l’échelle mondiale, deux tiers des intéressés ont consenti à se serrer la ceinture. « Sur la base du volontariat », comme l’a claironné la direction de Hertz.

Peur de perdre son ancienneté. L’envie d’aller voir ailleurs n’a pourtant pas disparu. Au contraire. Selon le baromètre annuel du stress de la CFE-CGC, 39 % des cadres interrogés déclaraient cette année « envisager de quitter leur travail ». Soit 10 points de plus qu’en 2008. Mais entre les paroles et les actes, franchir le pas paraît bien difficile. En cause, notamment, la peur de perdre son ancienneté – une arme anti-PSE – et les dangers de la période d’essai. « En temps de crise, tout mouvement est perçu comme un risque », observe Olivier Randon, responsable du bureau lyonnais du cabinet de conseil Magellis. À tel point qu’il n’est pas rare de voir des candidats renoncer in extremis à un nouveau job. « Après avoir cherché activement à changer d’emploi et passé avec succès toutes les phases du recrutement, ils renoncent le jour de la signature », remarque Pierre-Loïc Chantereau, président du cabinet de conseil en management et en recrutement Équation. Et préfèrent, au final, s’accrocher à leur poste. « Quitte à être malheureux, ajoute Olivier Randon. Mais avec le sentiment, vaguement désabusé, que c’est partout pareil. » Et qu’il vaut mieux rester au chaud pendant la tempête…

S.G.

Ce conducteur sur chaîne de production automobile s’est porté volontaire pour partir avec un projet de BTS en un an
“Je booste ma carrière”

François n’a jamais voulu se contenter de son seul CAP. Après dix ans d’expérience à la conduite de machines sur une chaîne de production automobile, il s’est engagé dans une validation des acquis de l’expérience pour obtenir un bac pro. Quand son entreprise a annoncé un plan de départs volontaires, il s’est porté candidat en présentant son projet : un an de formation pour décrocher un BTS de maintenance industrielle. Fraîchement diplômé, il vient de trouver un poste de technicien de maintenance dans l’industrie chimique. Avec un statut et un salaire correspondant à son nouveau niveau de qualification.

Une évolution exemplaire. « Certains salariés comprennent que la crise est le meilleur moment pour se former, commente David Beugniez, directeur national adjoint au cabinet Sodie. Une formation longue permet de rester au chaud pendant la tempête tout en préparant la sortie de crise. » Sauf qu’entre la théorie et la pratique, bien peu passent à l’acte. Dans le cadre des PSE, les salariés réellement porteurs de projet de formation sont rares. « La crise a accentué le sentiment très court termiste que la meilleure opportunité reste le chèque de départ », observe Patrick Levy-Waitz, président de Dynargie et directeur général adjoint d’Altedia. D’où l’engouement pour les plans de départs volontaires. « S’ils ont un tel succès, c’est aussi parce qu’ils sont particulièrement généreux, poursuit David Beugniez. Reste à voir sur quoi ils débouchent… »

Malgré leurs titres ronflants, les commissions de validation des projets portent parfois bien mal leur nom. Elles se résument alors à de simples chambres d’enregistrement de projets bien souvent mal ficelés. « Les règles de la création d’entreprise ont été simplifiées, se félicite Patrick Levy-Waitz. C’est une excellente chose… mais aussi une victoire à la Pyrrhus. Parce que tous les salariés ne sont pas aptes à créer leur propre activité. » « C’est du pousse-au-crime que de les entretenir dans cette illusion », va jusqu’à dire Pierre-Loïc Chantereau, président du cabinet Équation.

Un an de salaire pour créer sa structure. Les plus malins, en revanche, savent parfaitement profiter de la crise pour booster leur carrière. Chez Accenture, la direction a, avant l’été, offert jusqu’à un an de salaire à de jeunes loups qui voulaient créer leur structure. L’information a circulé. Résultat, depuis la rentrée, des consultants sollicitent les syndicats pour négocier à leur tour une lucrative rupture conventionnelle. Avant de se recaser chez le client. Chez Sgam, l’ex-filiale de gestion d’actifs de la Société générale, des traders ont empoché jusqu’à quarante-deux mois de salaire (hors bonus), complétés par 25 000 euros de prime à la création, pour monter leur société de gestion.

Plus facile de relever le défi quand le salarié est accompagné par son employeur. À 35 ans, Éric n’aurait sans doute jamais franchi le pas si son employeur, une grosse PME, ne lui avait permis de se lancer progressivement, avec une période de six mois à temps partiel, et un volume de commandes garanti. L’envie de se mettre à son compte s’est révélée avec la crise : son poste, à mi-chemin entre l’informatique et l’ordonnancement, s’est vidé de sa substance à mesure que les commandes baissaient. Au lieu de s’accrocher à un poste sans avenir, il a préféré prendre les devants. De quoi, aussi, libérer une place. Car les plans de départs créent des appels d’air ascendants pour ceux qui restent. C’est ainsi que Frédéric Bénard, opérateur sur une ligne de production de PSA à Rennes, a obtenu un poste d’agent administratif. Mais il a dû, pour ce faire, déménager à Poissy. Les opportunités ont parfois un prix…

S.G.

Auteur

  • Stéphane Béchaux, Anne-Cécile Geoffroy, Sabine Germain