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Éditorial

Gare aux tensions salariales en 2010 !

Éditorial | publié le : 01.01.2010 | Jean-Paul Coulange

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Gare aux tensions salariales en 2010 !

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Sans surprise, le chômage reste la principale préoccupation des Français, si l’on en croit les derniers sondages d’opinion publiés en 2009. Avec 73 % de réponses positives dans le baromètre TNS Sofres-la Croix, la perte d’emploi est le premier motif d’inquiétude chez nos concitoyens, loin devant la santé ou l’évolution du pouvoir d’achat. Mais la feuille de paie n’est jamais bien loin. D’une autre enquête récente (Viavoice-Libération), il ressort que, pour les mois à venir, les Français sont aussi pessimistes concernant tant l’évolution de leur pouvoir d’achat que l’amélioration du marché de l’emploi.

Il n’aura échappé à personne que le conflit du RER A qui a empoisonné la vie de centaines de milliers de Franciliens juste avant la trêve des confiseurs avait, en partie, pour origine des revendications salariales. Que la menace d’un blocus de l’Hexagone a contraint le patronat du transport routier à accorder 3,56 % d’augmentation pour rattraper deux années de gel. Et que bien d’autres conflits salariaux, à Cofiroute, Autoroutes du sud de la France, Rhodia, Chanel, sans oublier le millier d’employés chargés d’alimenter les distributeurs automatiques de billets, ont émaillé l’actualité sociale de la fin 2009.

Toutes les études convergent pour promettre la rigueur aux salariés en 2010. S’arc-boutant sur une inflation quasi nulle, et à l’image du gouvernement qui n’a pas donné de coup de pouce au smic au 1er janvier, les entreprises n’offriront guère de grain à moudre lors des rituelles négociations annuelles obligatoires. Après une relative stagnation en 2009, les salaires devraient connaître une revalorisation globale de l’ordre de 2 à 2,5 %. Un des plus faibles taux de progression de ces vingt dernières années. En outre, une entreprise sur deux n’adoptera vraisemblablement pas de mesures collectives cette année.

Une telle cure d’austérité ne va pas sans poser de problèmes. D’abord, d’ordre économique, car la consommation, alimentée par la hausse du pouvoir d’achat, est, en France, le plus sûr moteur de la croissance. Alors que les premiers signes de reprise se dessinent, et même si les chiffres du chômage ne connaissent pas d’amélioration sensible, les salariés risquent de sortir de leur torpeur. D’autant qu’en matière de salaire, si l’exemplarité est mère de toutes les sagesses, la démesure mène au conflit. L’année 2008 avait été celle de l’indécence dans les rémunérations des dirigeants 2009 aura été marquée par le retour éclair des bonus dans le monde financier. Et ce n’est pas l’éphémère taxe de 50 % acquittée par les banques en lieu et place de 2 000 à 3 000 opérateurs de marché qui est susceptible de calmer l’opinion publique. En cessant le travail, en novembre et en décembre, en réaction à l’absence d’augmentation collective ou bien à son taux dérisoire proposé par leur entreprise, les salariés de la Société générale et ceux de LCL entendaient bien que l’on ne confonde pas leur cas avec celui des traders.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange