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Enquête

“La France ne considère pas sa jeunesse comme une ressource”

Enquête | publié le : 01.11.2009 | Laure Dumont

Comment jugez-vous les initiatives mises en place au collège pour faire découvrir l’entreprise ?

Pour moi, il ne s’agit pas de faire découvrir divers types d’employeurs mais d’amener les jeunes à réaliser que l’on peut trouver du plaisir à travailler ; pour peu que l’on se sente utile et reconnu. En ce sens, la DP3 et le stage en entreprise en troisième me semblent contre-productifs. Pour être efficaces, ces démarches devraient être préparées bien en amont – qui je suis, quelles sont mes compétences, etc. ? – et encadrées par un maître de stage bien formé. Utiliser ces jeunes à effectuer des tâches mineures contribue à pérenniser le fossé entre l’Éducation et le monde de l’emploi.

Plus généralement, la France a une relation de rejet par rapport au travail, considéré comme aliénant et pénible – les 35 heures… – avant le passage à une retraite précoce, perçue comme un paradis. L’épanouissement professionnel est rarement évoqué et jamais pour les métiers artistiques ou manuels ; l’orientation est une sanction, au lieu d’être une identification de compétences mises au service de la collectivité. Les collégiens ont donc une vision théorique du monde du travail, influencée souvent négativement par leurs éducateurs, leurs parents, leurs copains ou les médias. Ce n’est pas une priorité pour eux.

Comment peut-on rendre le monde du travail attrayant aux yeux des adolescents ?

Il me semble important que les jeunes aiment ce qu’ils font et qu’ils fassent ce qu’ils aiment. Pour leur donner envie de réaliser quelque chose – l’insertion par la contribution –, il faut leur apprendre à identifier leurs points forts, à trouver les formations, les champs professionnels qui correspondent à leurs compétences, et qui embauchent !

Parallèlement, il me semble que les entreprises doivent aussi travailler sur ce qu’elles ont à proposer aux jeunes ; donner du sens au travail, c’est la démarche naturelle des « marques employeurs ». Les entreprises qui ont des projets clairs attirent durablement les jeunes qui se sont structurés autour d’une vision de leur avenir et de leur propre projet.

Pourquoi avez-vous créé Génération 2020 ?

Puisque les décideurs de 2020 existent déjà, Génération 2020 aide ses clients – publics et privés, en France ou à l’étranger – à les préparer dès maintenant ; en les rendant plus ambitieux, plus créatifs… et aussi plus responsables et plus solidaires. La France a en effet une tendance fâcheuse à considérer sa jeunesse comme un problème plutôt que comme une ressource. Par rapport à l’étranger, notre pays est celui qui voit une seule génération – les 30-55 ans – monopoliser l’emploi et le pouvoir d’achat. Les jeunes sont exclus du marché du travail car ils manquent d’expérience, les seniors parce qu’ils en ont trop. Les jeunes devraient être associés aux débats sur toutes les grandes questions de société : ils en ont la capacité et c’est leur avenir qui est en jeu ; nous devrions donc nous en porter garants !

Auteur

  • Laure Dumont