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Les éditeurs s’adaptent

Dossier | publié le : 01.10.2009 | F. P.

Pour faire face à la conjoncture, les éditeurs ajustent leur offre. Mais ceux qui, parmi les plus petits, n’ont pas développé un créneau bien spécifique sont fragilisés.

Pour faire face à la conjoncture, les éditeurs ajustent leur offre. Mais ceux qui, parmi les plus petits, n’ont pas développé un créneau bien spécifique sont fragilisés.

Après des années de prospérité, les éditeurs de logiciels RH ont tous vu en 2009 leur chiffre d’affaires stagner, voire reculer. Personne n’est épargné par la crise, ni les grands comme SAP, HR Access ou Oracle, ni les petits, dont beaucoup peinent à remplir leurs carnets de commandes : « Cette situation n’est pas propre aux solutions RH, elle touche tout le secteur du logiciel. Quand une entreprise enregistre une baisse de son chiffre d’affaires, elle a d’abord tendance à réduire les coûts plutôt que de vouloir améliorer son activité, ce qui est le premier objectif des investissements logiciels », explique Patrick Bertrand, directeur général de Cegid et président de l’Association française des éditeurs de logiciels (Afdel). Éric Menard, directeur solutions chez Pierre Audouin Consultants, se veut plus mesuré : « La situation n’est pas clairement tranchée. D’une part, il y a les entreprises qui préfèrent se rapprocher des gros éditeurs. En période de crise, la prime au leader est importante. Mais il y a aussi des entreprises qui veulent investir dans des solutions moins chères et vont aller vers de plus petits éditeurs. » Rares sont celles qui ont de grands projets en cours. Par ailleurs les programmes qui nécessitent de lourds investissements, comme la gestion de la paie, sont depuis longtemps automatisés, voire externalisés. Enfin, le secteur ne peut même plus profiter des fusions-acquisitions, en chute libre, qui sont parfois l’occasion de refondre le SIRH.

La vogue du SaaS. En revanche, les entreprises sont très demandeuses de modules qui leur permettent de compléter les solutions déjà en place ou de répondre à un besoin précis, à l’instar de la GPEC. « Parmi nos clients, nous avons des entreprises qui ont quitté les gros éditeurs pour acheter nos solutions car elles sont plus souples, moins chères et plus rapides à mettre en place. Pour nous, l’informatique doit être adaptée aux pratiques RH et non l’inverse, comme le font certains éditeurs », souligne Arnaud Peponnet, directeur du développement de StepStone Solutions. Si la vente de modules permet aux petits éditeurs de se différencier, c’est aussi parce que, très souvent, les solutions sont proposées en mode SaaS (software as a service) ou en mode ASP (application service provider). Assez similaires, les deux concepts permettent aux entreprises de disposer d’un logiciel sans devoir l’acheter ni en supporter les coûts d’intégration. Le client paie à l’usage et parfois au poste. Les petits éditeurs, profitant du développement d’Internet, ont très vite compris l’intérêt qu’ils pouvaient avoir à fournir ce type de solutions. D’autant que les grands éditeurs ont été très longs à venir sur ce marché car il bouscule totalement leur modèle économique.

Aujourd’hui, ces grands éditeurs se mettent au SaaS, mais les petits ont une longueur d’avance. Pour Éric Ménard, toutefois, le mode SaaS a ses limites : « Il est important qu’un éditeur propose une solution SaaS. Cela démontre son dynamisme. Mais peu d’entreprises, hormis les petites, vont placer toute leurs RH en mode SaaS. Cela reste surtout valable pour des modules additionnels. » À condition de proposer les solutions qui permettent à l’entreprise d’être plus performante.

En cette période de crise, certains domaines restent dynamiques pour les éditeurs. C’est le cas des solutions décisionnelles appliquées aux RH. Elles sont utilisées pour gérer la masse salariale, c’est-à-dire repérer les centres de coûts et étudier l’évolution de cette masse salariale au sein de l’entreprise. « Les entreprises possèdent tous les outils et tous les indicateurs pour gérer leur capital financier et boursier. Mais elles n’ont rien pour analyser le capital humain. C’est l’une des ressources les moins étudiées car c’est sans doute l’une des plus difficiles », regrette Arnaud Peponnet. Autre secteur en croissance, la gestion des compétences. Les politiques de GPEC nécessitent de gérer les mobilités internes et de mettre les bons collaborateurs aux bons endroits. Dans le domaine de la formation, les entreprises ont de plus en plus tendance à investir dans l’e-learning, moins cher et plus modulaire que la formation traditionnelle. Enfin, dans la morosité ambiante, un créneau reste dynamique : le secteur public. Franck Boutboul, le directeur France de HR Access, en est lui-même presque surpris : « Avec les plans de relance mis en place par le gouvernement, des budgets nouveaux sont apparus et les demandes de l’administration sont en nette hausse. » Autre débouché, HR Access mise beaucoup sur l’appel d’offres lancé par l’opérateur national de paye, chargé de moderniser la fonction paie dans les administrations de l’État, dont le vainqueur devrait être connu dans les prochaines semaines. Deux consortiums réunissant éditeurs et intégrateurs (l’un autour de SAP, l’autre avec HR Access) sont sur les rangs et briguent un contrat que Franck Boutboul qualifie d’« unique au monde. Car, à terme, il s’agira de gérer la paie de 2,5 millions de fonctionnaires français ».

Concentration en vue. Bien installé sur le marché des RH, Cegid est également secoué par la conjoncture. Mais, pour Patrick Bertrand, son directeur général, c’est aussi le moment de saisir des opportunités : « Nous adaptons les produits en fonction de la taille des entreprises et nous avons des outils plus spécifiques tels que les modules concernant les conventions collectives. » Les éditeurs sont bien obligés de s’adapter aux contraintes de leurs clients. Comme le note David Guillocheau, « les fournisseurs s’emploient à réduire les coûts d’appropriation. Ils proposent des solutions moins chères, moins compliquées ». S’il n’est pas le plus malmené en cette période difficile, le secteur des logiciels RH ne sortira pas indemne de la crise. Les petits éditeurs sont fragilisés et, s’ils n’ont pas su se positionner sur une niche technique ou développer une offre spécifique, ils risquent de disparaître. Comme souvent en période de crise, le marché ne devrait pas échapper à la concentration. Elle viendra sans doute d’acteurs importants qui souhaitent acquérir soit des modules complémentaires soit des compétences dans le domaine du SaaS. Quant à l’avenir proche, Patrick Bertrand se veut optimiste : « Dans le domaine des RH, il y a un facteur de saisonnalité important avec, en général, une activité en hausse en fin d’année. Nous pensons donc que ça devrait redémarrer fin 2009. » À suivre.

Auteur

  • F. P.