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L’avocat qui fait souffrir les multinationales

Actu | Eux | publié le : 01.10.2009 | Sandrine Foulon

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L’avocat qui fait souffrir les multinationales

Crédit photo Sandrine Foulon

Fiodor, le sauveur des Flodor. On a dû la lui faire cent fois à Fiodor Rilov, avocat parisien dont le patronyme exotique, héritage d’un père russe et d’une mère allemande, ne manque jamais de retenir l’attention. Un nom qui fait moins sourire les directions de Samsonite à Hénin-Beaumont, de Goodyear à Amiens, ou encore du papetier suédo-finlandais Stora Enso à Corbehem. Fiodor Rilov est une bête noire. Il a fait condamner tous ces groupes pour insuffisance du plan de sauvegarde de l’emploi.

Le scénario s’est reproduit fin août au bénéfice des ex-Flodor de l’usine de Péronne, dans la Somme. En 2003, le site français avait tenté de déménager en catimini l’appareil de production vers une usine italienne. En 2005, en liquidation judiciaire, il avait fini par fermer ses portes. Ce sont 178 salariés qui engagèrent alors des poursuites contre leur employeur. Condamnées quatre ans plus tard par le TGI de Péronne, trois sociétés du groupe Unichips, dont la maison mère italienne et sa structure de droit néerlandais à Amsterdam, doivent verser entre 20 000 et 50 000 euros d’indemnités aux salariés licenciés. « Aujourd’hui, impossible de contester le motif économique d’une réorganisation. Quand bien même on sait qu’elle est illicite. C’est le paradoxe du droit du travail français. On ne peut intervenir qu’en contestant l’accompagnement du PSE. Mais les licenciements peuvent avoir été prononcés », regrette ce communiste de 39 ans dont la médiatisation agace nombre de ses confrères. Lui n’en a cure. Associé à deux professeurs de droit spécialistes de droit international économique et de contentieux international, il en a fait une arme. « Les médias sont essentiels pour déplacer le débat au bon niveau : celui de l’international. Arrêtons de penser que des salariés sont impuissants parce que leur maison mère se trouve à l’étranger. Il faut sans cesse rappeler que ces groupes sont imposants, en bonne santé financière, et qu’ils ne mettent pas tout en œuvre pour sauver une filiale localement. »

Fiodor Rilov pointe ainsi une autre de ses cibles, le groupe textile italien Sinterama, dont la teinturerie Staf, sa filiale d’HéninBeaumont, a licencié des salariés en avril 2008. Ceux-ci avaient refusé des offres de reclassement au Brésil et en Turquie pour 315 et 230 euros brut ! « Que le groupe ait proposé des postes à l’international n’est pas choquant. Ce qui l’est, en revanche, c’est la désinvolture de la maison mère et le manque d’information qui entoure ces offres », déplore l’avocat. Le conseil de prud’hommes de Lens devait rendre son jugement fin septembre.

FIODOR RILOV

Avocat du cabinet Nouvel, Rilov, Santulli.

28 AOÛT 2009

Le TGI de Nanterre suspend le plan de restructuration de l’usine Goodyear d’Amiens Nord qui prévoit 820 suppressions d’emplois.

18 AOÛT 2009

Le TGI de Péronne condamne Unichips à verser des indemnités aux ex-Flodor.

Auteur

  • Sandrine Foulon