Portiqueur, Robert Cret travaille perché à plus de 35 mètres à charger et décharger les navires. Discret à l’extrême, il a pris, en mars dernier, la barre de la CGT des bassins ouest du port de Marseille (Fos-sur-Mer) en tant que délégué général. « C’est un homme droit, très bon négociateur. Il est respecté par les armateurs et les aconiers », explique un collègue. Comme chez les dockers, le Grand Port maritime de Marseille (GPMM) compte désormais deux leaders CGT. L’un à l’est, l’autre à l’ouest, deux bassins distants de 80 kilomètres que tout sépare. Fos-sur-Mer se développe avec la mise en service d’un nouveau terminal à conteneurs en 2010. Alors que le port de Marseille est à l’étroit, son domaine public maritime grignoté par la ville en mal d’espaces. S’estimant insuffisamment représentés au sein de leur syndicat basé à Marseille, les 200 agents de Port-Saint-Louis-du-Rhône (Fos–sur-Mer) ont saisi l’occasion du grand bouleversement national qu’est la réforme du statut des ports autonomes pour créer leur propre syndicat CGT. « Chaque bassin a sa propre stratégie. Nous avons voulu anticiper le fait que demain nous serons dans les mêmes entreprises que les dockers », explique Robert Cret. Une logique qui isole ses collègues marseillais dans leur volonté de refuser le détachement des agents vers les sociétés privées de manutention.