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Idées

La France du travail sans fard

Idées | Livres | publié le : 01.09.2009 | Jean Mercier

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La France du travail sans fard

Crédit photo Jean Mercier

Le portrait de la France du travail dressé par l’Ires va à l’encontre de bien des idées reçues. Ses chercheurs contestent que la croissance, sur le long terme, soit le principal facteur de création d’emplois. Ils défendent les 35 heures et s’insurgent contre la prétendue progression trop rapide du smic, affirmant qu’en termes relatifs le salaire minimum n’a jamais été aussi bas depuis soixante ans ! Que l’on soit d’accord ou pas avec leurs grilles de lecture, la richesse des analyses et des chiffres comblera tous ceux qui s’interrogent sur l’évolution du monde du travail. Concernant l’emploi, les auteurs rappellent que sur l’ensemble du siècle jamais la France n’a créé autant d’emplois qu’entre 1997 et 2001, période de l’introduction des 35 heures : sur les 2,7 millions d’emplois créés depuis 1978, les deux tiers l’ont été durant ces années-là. Battant en brèche le mythe de la « flexicurité à la danoise », les économistes de l’Ires soulignent qu’au Danemark « les créations d’emplois dans le secteur privé sur la dernière décennie ont été en réalité plus faibles qu’en France ». Ce n’est pas le dynamisme de l’emploi mais la baisse de la population active qui a fait reculer le chômage durant cette période. Le ton est aussi incisif sur la protection sociale, la négociation collective, l’organisation et les conditions de travail, les salaires… Selon les auteurs, les inégalités entre salariés du secteur privé ne sont pas de 1 à 3, comme constate l’Insee depuis quinze ans, mais de plus de 7. Ils mettent en évidence l’importance de l’évolution du coût du logement dans l’affaiblissement du pouvoir d’achat de la frange la plus modeste de la population. Leur solution pour maintenir à flot la protection sociale : « Une remise en cause radicale du dogme de l’impossible augmentation des cotisations sociales et/ou des impôts directs. »

Les experts de l’Ires se montrent, enfin, dubitatifs devant la tentative des autorités de mettre en place un droit négocié des restructurations. Une évolution qui « ouvre de nouvelles perspectives de responsabilisation des syndicats en matière d’emploi », mais qui a le tort de se limiter aux grandes entreprises et qui prend le risque d’enfermer le dialogue social au niveau de l’entreprise. Rien de tiède, on le voit, dans ce voyage dans la France du travail, ce qui fait d’autant plus regretter que les politiques se contentent trop souvent, en matière de social, de se disputer sur des clichés.

La France du travail, Les Éditions de l’Atelier. 240 pages, 19 euros. Sortie le 17 septembre.

Auteur

  • Jean Mercier