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Éditorial

La peste ou le choléra ?

Éditorial | publié le : 01.09.2009 | Jean-Paul Coulange

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La peste ou le choléra ?

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Pour cette rentrée, le pire nous était promis : une avalanche de plans sociaux, une flambée du chômage, un service public de l’emploi en déroute… Or, divine surprise, la bonne nouvelle de l’été, c’est que la machine à détruire de l’emploi connaît ses premiers signes de faiblesse. L’Hexagone n’a perdu « que » 74 000 emplois salariés au cours du deuxième trimestre, soit un score deux fois moins élevé que celui des trois premiers mois de l’année 2009. Ajoutez à cela l’étonnant rebond de l’économie française, qui a décollé de… 0,3 % lors de ce même deuxième trimestre, et il n’en faut pas davantage pour que les cigales entonnent l’air de la reprise. Ou, du moins, de la sortie de crise.

Si les discours des déclinistes et autres Cassandre du même acabit finissent par agir négativement sur le moral des consommateurs et sur celui des chefs d’entreprise, on mesure aisément les dangers d’un excès d’optimisme. Non, la crise n’est pas finie. Oui, les plans sociaux vont continuer à se succéder et le nombre de chômeurs d’augmenter, les experts redoutant particulièrement le mois de septembre, qui voit les jeunes sortis du système scolaire débarquer sur un marché du travail totalement anémié. Il ne faudrait donc pas qu’une poignée d’indicateurs positifs dissuade les pouvoirs publics d’améliorer leurs outils de soutien à l’emploi, les partenaires sociaux de négocier des accords plus innovants que celui sur la gestion sociale des conséquences de la crise sur l’emploi et les entreprises de plancher sur les politiques RH de demain. Sinon, ce serait le signe, inquiétant, que la gravité de cette récession, d’une ampleur inégalée depuis celle de 1929, n’a pas été appréciée à sa juste valeur.

L’autre fléau promis pour la rentrée se dénomme HINI. Classes fermées, réseaux de transports en commun arrêtés, bureaux et usines désertés… Le spectre d’une pandémie dévastatrice a inspiré les gazettes, voire les discours officiels. Difficile de dire si le virus fera des ravages à l’automne. Mais les DRH auraient bien tort de prendre le sujet à la légère. Car il s’agit d’un vrai dossier de santé au travail concernant cette fois-ci les salariés de l’Hexagone, et pas seulement des expatriés ou des cadres nomades, comme lors de la précédente grippe aviaire ou du Sras. En outre, un épisode grippal soutenu désorganiserait, bien entendu, le travail dans les entreprises. Mais pas seulement. Des fermetures de classes à tour de bras obligeraient les responsables de ressources humaines à repenser la conciliation entre vie professionnelle et vie privée ; des restrictions de trafic dans les transports en commun amèneraient les états-majors à réfléchir sur la localisation des sièges sociaux, toujours plus éloignés des centres-villes. Sans parler du casse-tête juridique que poserait le recours au droit de retrait de salariés inquiets pour leur santé. De la peste ou du choléra, on ne sait ce qui nous attend. Mais s’agissant du chômage comme de la grippe A, il convient de ne pas crier victoire trop tôt !

Auteur

  • Jean-Paul Coulange