En quatre ans, le paysage des formations RH a sacrément changé ! C’est le principal enseignement du 5^e palmarès des formations de troisième cycle en ressources humaines de Liaisons sociales magazine, réalisé, cette année, en partenariat avec l’entreprise de travail temporaire Kelly Services. Alors que nous avions recensé 45 formations spécialisées de niveau master lors de notre précédente édition en 2005, une cinquantaine de cursus en formation initiale se partagent aujourd’hui ce marché qui forme, chaque année, environ 2 000 jeunes diplômés. Il convient d’y ajouter 750 étudiants en formation continue. Une constante, cependant : le vainqueur 2009 de notre vaste benchmark est, ou plutôt reste, le Ciffop, dirigé par Frank Bournois. Pour le coup, pas beaucoup de changement ! Sept formations déjà présentes dans le top 10 de 2005 figurent dans le classement général de cette édition. Mais dans le désordre. L’IAE de Tours et celui de Bordeaux IV laissant les places d’honneur aux masters de l’IAE de Grenoble et de l’Université catholique de l’Ouest à Angers.

Au-delà des classements, c’est surtout le développement de l’offre de formation qui marque les esprits. Non content de proposer un cursus accessible en apprentissage, le Ciffop anime depuis deux ans une filière internationale et ouvre, lors de cette rentrée, un executive master. Même chose à l’autre bout de la France où l’IAE de Toulouse, présent depuis 2005 sur le marché de la formation initiale, propose cette année un master 2 en formation continue. À l’IAE de Grenoble, trois filières sont possibles : formation initiale classique, formation en apprentissage et formation continue… Autant dire qu’il était urgent de réactualiser le palmarès.

Une grande qualité. Pour enrichir notre classement, nous publions aussi, cette année, un sondage exclusif réalisé par le cabinet Inergie auprès de 367 responsables RH, adhérents de l’ANDRH, afin de sonder leurs attentes en termes de compétences. Notre objectif : offrir un miroir aux responsables de formation, tandis que le palmarès doit permettre aux étudiants comme aux professionnels des RH de se repérer dans le maquis des cursus proposés. Une chose est sûre, les formations aux RH dans leur ensemble sont de grande qualité. Le sondage Inergie confirme ce verdict : 91 % des professionnels interrogés se déclarent satisfaits de la qualité de la formation de leurs collaborateurs et 94 % entretiennent de bonnes relations avec les institutions de formation. Entre universités et grandes écoles, les professionnels ne font pas franchement de différence : 49 % vont chercher leurs collaborateurs dans les formations universitaires contre 42 % dans les grandes écoles. La filière gestion des RH domine toujours le secteur (63 %), talonnée par la filière droit social et du travail (60 %).

Pour réaliser notre palmarès, nous avons interrogé les responsables de formation à travers un questionnaire écrit, suivi d’un entretien approfondi. Afin de vérifier les informations communiquées par nos interlocuteurs, nous avons aussi questionné de nombreux anciens. Après ce travail de fourmi, il a fallu ensuite croiser une batterie de critères. Car il ne suffit pas de peaufiner la sélection des étudiants pour s’en sortir haut la main, ni même de s’appuyer sur l’alternance pour assurer l’insertion de ses diplômés. L’apprentissage, qui pouvait être un critère discriminant il y a quatre ans, ne l’est quasiment plus aujourd’hui, la majorité des masters proposant une formule en alternance.

Comme pour nos précédents palmarès, nous avons établi des classements intermédiaires. Parce qu’ils sont les meilleurs sur un critère particulier, certains masters apparaissent dans ces classements sans figurer dans le top 10. Aux trois classements correspondant à la sélectivité, à la professionnalisation et à l’ouverture internationale, nous avons ajouté un quatrième en distinguant les 10 formations initiales accompagnant le mieux leurs étudiants vers l’emploi. Pour cette première, le résultat est plutôt décevant. Beaucoup de formations n’ont pas encore pris la mesure de l’enjeu, malgré la crise. Les performances des unes et des autres en matière d’insertion étant difficiles à vérifier (données déclaratives), nous avons surtout cherché à évaluer la qualité de l’accompagnement mis en place pour aider les jeunes diplômés à aborder le marché du travail. Pour le coup, la formation dijonnaise dirigée par Samuel Mercier et David Jacotot, secondée par l’association des anciens Personnance, est assez exemplaire. Le Ciffop suit de près avec la force de frappe d’une association d’anciens composée de 1 200 diplômés. Coaching par des DRH, simulation d’entretiens, forum emploi, site emploi… les 10 meilleures formations développent une panoplie d’outils, ne comptant plus seulement sur leur notoriété ou sur celle de leur responsable. Selon le sondage d’Inergie, plus des deux tiers des DRH n’envisagent pas de recruter d’ici à fin 2009. Les jeunes diplômés devront être patients et plutôt orienter leur choix vers les groupes de plus de 10 000 salariés : un tiers d’entre eux déclarent envisager des recrutements dans la fonction RH d’ici à la fin de l’année.

En matière de sélectivité, la réforme LMD est en train de produire lentement mais sûrement ses effets. La sélection des étudiants se fait en M1 puis en M2 selon une procédure souvent allégée pour les étudiants qui choisissent de rester dans leur université. Les formations n’ont aucun souci pour trouver des candidats, d’autant que la majorité postulent à différents cursus pour s’assurer la poursuite de leurs études. Bien malin celui qui pourra estimer la formation la plus attractive en fonction du nombre de dossiers de candidature reçus ! Surtout que certains pratiquent les concours (comme le Celsa ou Sciences po) quand d’autres sélectionnent sur dossier avec épreuves écrites ou note de synthèse (comme l’ESCP Europe ou Dauphine). Seul point commun, toutes les formations reçoivent le candidat en entretien. Parfois de façon informelle (dix minutes tout au plus), parfois avec l’ambition de faire passer un véritable entretien d’embauche, comme à l’IAE de Paris I. Dans presque tous les cas, les étudiants qui n’auraient pas d’expérience préprofessionnelle ou de stage en RH peuvent passer leur chemin.

Depuis quatre ans, la lame de fond de l’apprentissage s’est transformée en tsunami. Les formations qui ne pratiquent pas l’alternance, sous la forme de contrats d’apprentissage ou de professionnalisation, se comptent désormais en tout petit nombre. Même le master Développement des ressources humaines de Jean-Emmanuel Ray à Paris I se lance dans l’apprentissage à la rentrée. Difficile pour les facs qui veulent tenir le haut du pavé de ne pas céder aux sirènes de l’alternance. Car, pour organiser un tutorat digne de ce nom, offrir des études de cas haut de gamme, attirer des intervenants, il faut des moyens, et l’apprentissage est la meilleure solution. Certains responsables de master pointent néanmoins les faiblesses de la formule. Les jeunes n’auraient plus pour cadre de référence l’université ou l’école mais l’entreprise et auraient beaucoup de mal à prendre du recul, à développer des capacités d’analyse et à ne pas tomber sous le charme des « outils RH ». Le sondage réalisé auprès des adhérents de l’ANDRH va plutôt dans ce sens. Les DRH privilégient les étudiants issus de formations pragmatiques et fuient les formations trop académiques.

L’ouverture internationale des formations françaises, plutôt limitée il y a quatre ans, s’est sensiblement améliorée. Toujours emmenée par l’excellent mastère spécialisé des Arts et Métiers et de l’ENS Cachan en GRH et mobilité internationale, l’offre s’est diversifiée : l’IAE Gustave-Eiffel de l’université de Créteil a fait très fort en ouvrant une formation haut gamme sur ce créneau. La jeune équipe d’enseignants, menée entre autres par Frédérique Pigeyre et Michel Barabel, a construit un programme original centré sur les pays de l’Est et non la Chine. Elle a également conclu un partenariat avec l’Association réalités et relations internationales, qui réunit des diplomates et permet d’avoir, en plus d’un bagage RH, une vraie culture générale en matière de géopolitique.

Reste que les compétences en gestion internationale des RH ne sont pas les plus recherchées par les DRH. Selon le sondage, ils convoitent surtout les administrateurs de paie, les bons juristes et les diplômés capables de travailler sur la GPEC. La mobilité internationale arrive en avant-dernière position, juste devant le thème des restructurations. Même en temps de crise et de multiplication des PSE !

Retrouvez, en intégralité sur www.wk-rh.fr

• Le palmarès 2009 enrichi d’un mapping des formations RH.

• Les résultats complets du sondage réalisé par le cabinet Inergie auprès de 367 adhérents de l’ANDRH en exclusivité pour LSM.

• Les fiches détaillées des 59 masters en gestion des RH.

• L’inventaire complet des 132 masters en ressources humaines.

51 % des DRH attendent d’un professionnel des RH des qualités d’anticipation, d’innovation et de force de proposition.

87 % des DRH interrogés privilégient le profil « jeune diplômé » pour un poste de chargé de mission. Un quart recruterait même directement un diplômé frais émoulu à un poste de responsable RH.

Sondage ANDRH/Inergie en exclusivité pour Liaisons sociales magazine.

– Au niveau national : l’Isfogep, Paris I et l’IAE de Lyon III.

– En Ile-de-France : Paris I l’Isfogep, le Celsa.

– En Rhône-Alpes : l’IAE de Lyon III, l’IAE d’Aix-Marseille III et l’ESC Clermont.

Sondage ANDRH/Inergie Classement pondéré de la taille des promotions.